Distribution des produits alimentaires: les recommandations du Conseil de la concurrence

Le siège du Conseil de la concurrence à Rabat.

Dans un avis publié ce jeudi 3 juillet, le Conseil de la concurrence dresse un état des lieux approfondi des circuits de distribution des produits alimentaires au Maroc. Tout en saluant leur efficience globale ainsi que la complémentarité entre les réseaux traditionnels et modernes, il met en lumière plusieurs dysfonctionnements structurels. À cet égard, il formule neuf recommandations visant à renforcer la transparence, améliorer la gouvernance et stimuler la compétitivité du secteur.

Le 03/07/2025 à 18h47

Le Conseil de la concurrence vient de publier un avis sur l’état de la concurrence au niveau des circuits de distribution des produits alimentaires. Ce travail lui a permis de tirer plusieurs conclusions.

Ainsi, sur le plan macroéconomique, note-t-il, ces circuits «fonctionnent de manière efficiente grâce à une structuration progressive et une dynamique d’adaptation aux besoins du marché, assurant un approvisionnement régulier et constant du marché en produits alimentaires, même dans les périodes de crise».

Les acteurs de la chaîne, qu’ils soient producteurs, grossistes ou détaillants, explique-t-il, bénéficient d’infrastructures de transport et de stockage de plus en plus modernes, favorisant une circulation fluide des produits à travers le territoire. Les plateformes logistiques, notamment dans les grandes agglomérations, permettent d’optimiser la gestion des flux et de réduire les délais d’approvisionnement.

Par ailleurs, relève le Conseil, le développement des GMS (grandes et moyennes surfaces) contribue à améliorer la transparence des échanges et à garantir la disponibilité des produits alimentaires à des prix compétitifs. Une efficacité renforcée par l’intégration progressive des technologies numériques et des outils de gestion innovants, assurant une meilleure traçabilité et une réactivité accrue face aux fluctuations de la demande.

Complémentarité entre les circuits traditionnel et moderne

L’efficience du système de distribution alimentaire s’explique aussi par l’équilibre maintenu entre les circuits traditionnel et moderne. Le Conseil de la concurrence souligne que la coexistence de ces deux modèles est essentielle pour préserver la diversité et la stabilité de l’écosystème de distribution.

Les circuits traditionnels, profondément enracinés dans les habitudes de consommation des Marocains, jouent un rôle central dans l’approvisionnement des zones rurales et des quartiers populaires. Ils permettent également de répondre aux besoins spécifiques de ces communautés, en proposant des produits adaptés à leur pouvoir d’achat, à leurs préférences et à leurs modes de vie.

De leur cote, les GMS apportent une modernisation et une standardisation des pratiques commerciales, en garantissant un large choix de produits, une qualité constante et une expérience client structurée.

Cette complémentarité permet de répondre à la fois aux attentes d’un consommateur en quête de proximité et à celles d’un public attiré par la modernité et la diversité. Encourager cette coexistence implique de soutenir les petits commerçants dans leur transition vers des pratiques plus professionnelles et numériques, tout en continuant à développer les infrastructures et la règlementation, permettant aux GMS de prospérer, indique l’avis.

Ensemble, ces deux modèles assurent un accès équitable aux produits alimentaires, renforçant ainsi la résilience et l’inclusivité du système de distribution marocain, conclut l’institution.

À la lumière de ces constats, le Conseil a formulé plusieurs recommandations. «Au regard du diagnostic réalisé dans le cadre de cet avis, et en tenant compte des principales conclusions qui en découlent, un ensemble de propositions à la fois stratégiques et opérationnelles ont été émises», indique-t-il.

Repérer les axes d’amélioration susceptibles d’optimiser la dynamique concurrentielle

Ces recommandations visent d’une part à corriger les dysfonctionnements structurels qui pèsent sur les marchés des circuits de distribution des produits alimentaires, et d’autre part, à renforcer leur efficacité concurrentielle de manière durable.

Le Conseil précise que ces recommandations reposent sur une analyse approfondie du marché, intégrant à la fois ses dynamiques structurelles et ses mécanismes concurrentiels. Cette démarche a été enrichie par un vaste processus de concertation, associant l’ensemble des acteurs concernés, afin de recueillir leurs points de vue et contributions.

L’objectif, souligne-t-il, est d’identifier les leviers d’amélioration susceptibles de renforcer l’efficacité du fonctionnement concurrentiel du marché, tout en assurant un environnement plus transparent, équilibré et favorable à son développement durable.

Neuf recommandations pour renforcer gouvernance, transparence et compétitivité

Le Conseil de la concurrence préconise, en premier lieu, le renforcement du cadre légal et réglementaire encadrant le secteur, afin de l’adapter aux profondes mutations de son écosystème. Il appelle également à mieux encadrer l’urbanisme commercial, en vue d’assurer un développement harmonieux du tissu économique local et une meilleure intégration des activités commerciales dans l’aménagement urbain.

Le Conseil insiste sur la nécessité de structurer et dynamiser la gouvernance des circuits de distribution, pour garantir une coordination efficace entre les différentes parties prenantes. Il recommande, par ailleurs, la mise en place d’un dispositif de veille et de collecte de données, dans une optique de transparence accrue.

En ce qui concerne le commerce traditionnel, il invite à définir une nouvelle stratégie institutionnelle, s’appuyant sur les acquis et les limites de la stratégie « Rawaj », tout en soutenant l’offre de formation, afin de répondre aux besoins en compétences du secteur. Il propose également d’intégrer le commerce traditionnel dans l’écosystème digital, afin de diversifier ses sources de revenus et de réorganiser les chaînes d’approvisionnement pour accompagner sa modernisation.

Enfin, le Conseil recommande de renforcer les relations commerciales entre fournisseurs et distributeurs dans les circuits de la grande distribution, en instaurant un cadre clair pour encadrer la coopération commerciale.

Par Lahcen Oudoud
Le 03/07/2025 à 18h47