À l’approche des vacances d’été, les professionnels du tourisme marocain se mobilisent pour répondre à l’afflux attendu entre juillet et début septembre. Cette période, traditionnellement portée par la demande nationale, devrait à nouveau enregistrer une forte activité, notamment dans les établissements classés et résidentiels des zones balnéaires.
«Les destinations les plus prisées (Agadir, Taghazout, Imi Ouaddar, la région Tanger-Tétouan-Al Hoceima, la station de Saïdia et, dans une moindre mesure, Marrakech) concentreront l’essentiel des flux», indique le quotidien Les Inspirations Éco dans une analyse dédiée.
Citant Lahcen Zelmat, président de la Fédération nationale de l’industrie hôtelière (FNIH), le quotidien précise que l’essentiel des réservations s’effectue entre le 15 juillet et le 25 août, période marquée par des décisions de dernière minute, souvent après la fin des examens scolaires.
Malgré la promotion des offres, le secteur reste confronté à des problématiques récurrentes. Les dernières données disponibles, limitées aux mois de janvier et février 2025, montrent une progression globale du tourisme, mais masquent un ralentissement sur le segment national. En 2024, les résidents marocains ont généré 8,5 millions de nuitées, représentant 30% du total, soit une baisse de 0,4% par rapport à 2023, alors que les nuitées internationales ont augmenté de 18%, souligne Les Inspirations Éco.
Zoubir Bouhout, expert en tourisme, souligne que le tourisme interne reste structurellement moins dynamique. Par exemple, à Agadir, entre janvier et mai 2025, les arrivées domestiques ont reculé de 9,49% et les nuitées de 6,2% par rapport à la même période en 2024.
La part du tourisme intérieur est passée de 34% en 2016 à 30% en 2024. En cause, une politique touristique orientée vers l’international, avec un renforcement des liaisons aériennes, mais une offre intérieure limitée et peu adaptée au pouvoir d’achat des ménages.
Le modèle économique du tourisme national n’a pas été suffisamment structuré. Le plan Biladi, lancé il y a plus de 20 ans, n’a vu la réalisation que de trois stations (Ifrane, Imi Ouaddar et Mehdia) sur les douze initialement prévues. En parallèle, l’opération Kounouz Biladi, censée rendre les séjours accessibles, n’a pas permis de stimuler durablement le secteur.
Les touristes marocains privilégient les hôtels de moyenne gamme : 66% des nuitées sont concentrées dans les établissements 3 à 4 étoiles. Toutefois, l’offre est jugée peu diversifiée et mal répartie géographiquement.
«La feuille de route touristique vise à porter à 7 millions le nombre de touristes nationaux en 2030, contre 4,7 millions en 2026», rappelle Les Inspirations Éco. Pour cela, plusieurs leviers sont envisagés. À commencer par la régionalisation du calendrier scolaire, abandonnée en 2016 malgré son adoption initiale dans le cadre de la Vision 2020. S’y ajoutent les chèques et cartes vacances, dispositifs incitatifs utilisés avec succès à l’international pour favoriser les départs en congés. Sans oublier le développement d’une offre adaptée, notamment en hôtellerie de plein air et en hébergement résidentiel familial.
L’enjeu reste de construire un modèle économique spécifique au tourisme intérieur, appuyé par un partenariat public-privé solide et une offre tarifaire cohérente avec les capacités de la clientèle nationale.