Les grands projets d’infrastructure engagés par le Maroc dans le cadre de l’organisation du Mondial 2030 sont portés essentiellement par les établissements et entreprises publics (EEP). Pour les financer, ces acteurs ne doivent compter qu’à minima sur le budget de l’État et sont tenus de mobiliser des fonds auprès de différentes sources, selon le choix retenu par le ministère des Finances.
Le secteur bancaire figurant parmi ces sources, une question se pose: cela ne risque-t-il pas, par un «effet d’éviction», de rendre plus ardu l’accès du secteur privé au financement bancaire? Pour l’économiste Zakaria Firano, enseignant-chercheur à la Faculté des sciences juridiques, économiques et sociales Agdal de l’Université Mohammed V à Rabat, la réponse est négative, du moins dans l’état actuel des choses.
«Un tel risque se matérialiserait par une hausse du coût du crédit entraînée par le recours important du secteur public au financement bancaire, rendant ainsi l’accès au financement plus difficile pour les entreprises privées. Ce qui n’est pas le cas aujourd’hui», argumente-t-il, puisque les statistiques de Bank Al-Maghrib font plutôt état d’un repli des taux débiteurs après les deux baisses consécutives du taux directeur, établi à 2,25%.
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Cette baisse des taux d’intérêt est ainsi favorable à la fois aux entreprises privées et publiques, leur permettant de financer leurs investissements à des coûts, indique notre interlocuteur, qui considère qu’«il est tout à fait normal que des projets structurants des EEP soient financés par les banques».
Les EEP, «locomotives de l’économie marocaine, sont des clients sûrs pour les banques, poursuit-il, car ils disposent de visions et de stratégies bien établies s’inscrivant dans le long terme», ce qui constitue une garantie de solvabilité et, partant, de rentabilité pour le secteur bancaire.
Des EEP bien notés à l’international
Zakaria Firano évoque un autre facteur de nature à écarter le risque d’un effet d’éviction: le secteur bancaire n’est qu’une source de financement parmi d’autres pour les grands projets des EEP. «Ces derniers peuvent également recourir aux marchés financiers, notamment internationaux, surtout que la plupart jouissent d’une bonne notation leur permettant d’accéder à un financement avec des primes de risque et des taux d’intérêt avantageux», note-t-il.
D’ailleurs, les grands projets d’infrastructure lancés ou prévus dans le cadre de l’organisation du Mondial 2030 généreront un important effet d’entraînement en faveur des entreprises privées, souligne l’économiste, vu que «celles-ci rentrent dans la chaîne de valeur des EEP, qui recourent généralement à la sous-traitance pour la réalisation de leurs projets».