La vague de chaleur constatée ces dernières semaines au Maroc a eu des impacts sur plusieurs cultures, y compris celle de l’avocat. Ce fruit «hydrivore» n’a pas échappé aux variations du thermomètre. «Ce sont les zones de Kamouni, Tifelt et Khemisset qui ont été impactées par cette chaleur intensive. Elles ont perdu 80% de leur récolte, une situation que nous avons pu constater lors de nos visites sur le terrain», confirme pour Le360 Abdellah Elyamlahi, président de la Morocco Avocado Association (MAVA), qui regroupe les exportateurs d’avocats.
Mais il n’y a pas péril en la demeure, assure ce dernier, puisque cette zone ne représente qu’entre 20 et 25% de la production nationale d’avocats, loin derrière Rabat, Kénitra, Larache et Moulay Bousselham, qui concentrent 80% des rendements et qui ont été épargnées par cette canicule «grâce à leur proximité avec la mer, qui adoucit les températures».
Une hausse de 20.000 tonnes en 2023-2024
Mieux, «cette partie septentrionale du Royaume est entourée par les bassins du Loukkos et du Bouregreg, deux grandes réserves d’eau qui permettent de satisfaire les besoins en eau des avocatiers», souligne notre interlocuteur.
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Pour limiter les dégâts, les producteurs des localités impactées par la chaleur devraient adopter de nouvelles méthodes de production. «Il faut privilégier la brumisation, pour limiter les impacts de la forte chaleur sur les cultures, et l’automatisation du système d’irrigation. Il existe aujourd’hui plusieurs technologies, notamment celles liées à l’intelligence artificielle, qui exploitent des données météorologiques, qui permettent de prévoir une hausse des températures», suggère Abdellah Elyamlahi.
Interrogé sur les volumes de production attendus pour la prochaine campagne qui démarre en septembre et s’étalera jusqu’en avril 2024, l’exportateur d’avocats se veut très optimiste: «Nous prévoyons une augmentation de la production durant la prochaine campagne qui devrait atteindre les 60.000 tonnes, contre 40.000 tonnes lors de la précédente.»
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De plus, poursuit-il, «l’année dernière, on a constaté une faible productivité malgré l’entrée en fonction de nouveaux vergers entre Rabat et Larache. Les producteurs comptent rattraper ce retard en améliorant le rendement dans ces nouvelles superficies.»
Explorer de nouveaux marchés
D’après le patron de la MAVA, ce record de la production devrait permettre au Maroc d’augmenter ses exportations, qui ont atteint 34.000 tonnes en 2023, notamment vers l’Allemagne, où les volumes ont enregistré une forte hausse au cours de ses six dernières années. «Auparavant, l’Espagne était la principale destination des exportations marocaines, qu’elle réexportait vers les Pays-Bas et l’Allemagne. L’arrivée de nouveaux acteurs a permis aux exportateurs marocains d’accéder à de nouveaux marchés et d’établir des contacts directs avec les importateurs allemands», explique-t-il.
Les producteurs marocains pourraient également explorer de nouveaux marchés en dehors de leurs principaux clients que sont l’Allemagne, les Pays-Bas, l’Espagne et la France.