Dans un entretien qu’il nous a accordé, le secrétaire d’État chargé de l’habitat, Adib Benbrahim, a dévoilé les contours du nouveau programme de logement locatif intermédiaire. Conçu pour répondre aux besoins spécifiques de la classe moyenne, ce dispositif vise à proposer des logements à des prix encadrés: inférieurs à ceux du marché libre, mais supérieurs aux logements sociaux.
Ce programme, qui ambitionne de pallier l’insuffisance de l’offre locative adaptée aux revenus intermédiaires, entre actuellement dans sa phase de finalisation, en amont de son adoption officielle par le gouvernement.
Selon le responsable, les piliers du dispositif ainsi que ses grandes orientations architecturales et opérationnelles sont d’ores et déjà définis. Le lancement effectif est prévu avant la fin de l’année 2025.
Interrogé sur la genèse de ce programme, Adib Benbrahim a expliqué que le ministère, sous l’impulsion de son secrétaire d’État, est parti d’un constat simple mais alarmant: dans les grandes villes, les loyers sont devenus prohibitifs pour une large frange de la classe moyenne, notamment les travailleurs des secteurs de l’éducation et des services.
«Le pouvoir d’achat de ces ménages reste limité, et il leur devient de plus en plus difficile de louer un logement décent correspondant à leurs besoins», a-t-il souligné.
Certes, s’éloigner du centre-ville permet d’accéder à des loyers plus abordables, mais au prix d’un éloignement des services essentiels: santé, éducation, transport ou encore administrations publiques. Une situation particulièrement pénalisante pour les jeunes actifs, sur lesquels le programme entend également se concentrer.
Lire aussi : Forte demande pour l’aide directe au logement: un succès à nuancer
Adib Benbrahim souligne que les jeunes travailleurs ne souhaitent pas nécessairement s’engager dans l’achat d’un bien immobilier dès le début de leur vie professionnelle. «Ils préfèrent débuter par la location, afin de conserver une certaine flexibilité, pouvoir changer de ville et s’adapter aux opportunités professionnelles», explique-t-il.
Malgré une demande croissante pour des logements à loyers modérés dans les centres urbains, l’offre reste largement en deçà des attentes. «Lorsqu’ils accèdent à un emploi, les jeunes préfèrent rester en ville. Pourtant, les logements correspondant à leur capacité financière demeurent rares», souligne le secrétaire d’État chargé de l’habitat, Adib Benbrahim. Un déséquilibre qui renforce l’urgence de mettre en place une offre locative intermédiaire pensée pour cette catégorie.
Face à cette inadéquation entre l’offre et la demande, le ministère a entamé une réforme de la loi 67-12 relative à la location immobilière. Objectif: introduire un mécanisme de bail plus souple, spécifiquement pensé pour cette frange de la population.
Par ailleurs, le département a identifié d’autres freins structurels qui empêchent la jeune classe moyenne d’accéder à la propriété, confirmant la nécessité d’une approche plus globale et inclusive du logement.
Lire aussi : Aide au logement: un premier bilan en deçà des attentes
Adib Benbrahim a précisé qu’un diagnostic préalable du projet de logement locatif intermédiaire a déjà été mené, mais qu’il reste ouvert à l’amendement et à l’enrichissement à travers une démarche collective. «Ce projet est crucial, et il a déjà suscité un intérêt positif, notamment de la part de la Caisse de dépôt et de gestion», a-t-il souligné, ajoutant qu’il intègre une dimension de durabilité essentielle à sa réussite.
Le secrétaire d’État plaide également pour une gouvernance territorialisée: «Il serait judicieux que la gestion, la gouvernance et la définition des prix du logement locatif intermédiaire soient confiées aux régions», a-t-il affirmé.
Concernant la nature des logements concernés, il n’a pas exclu la réhabilitation de logements anciens, en particulier dans certains quartiers historiques. «Rénover ces logements permettrait non seulement de répondre à la demande actuelle, mais aussi de revitaliser des quartiers qui ne sont plus aux normes modernes», a-t-il estimé.
Enfin, Adib Benbrahim a évoqué une mesure innovante d’épargne-logement: un mécanisme où une partie du loyer payé serait convertie en épargne, constituant un apport futur pour l’acquisition d’un bien immobilier. «Ce système favoriserait un véritable parcours résidentiel», a-t-il expliqué, avant de conclure que le lancement du programme est prévu d’ici la fin de l’année, en collaboration étroite avec la ministre de tutelle.