Pourquoi Essaouira a été désignée ville hôte de la Conférence des villes créatives de l’UNESCO en 2026

Concert Choeur à coeurs, dirigé par Anass Ismat, le 2 mai 2025 à Bayt Dakira à Essaouira. (A.Et-tahiry/Le360)

C’est désormais officiel: Essaouira a été désignée pour accueillir en 2026 la Conférence des villes créatives de l’UNESCO. Une reconnaissance internationale pour la cité des alizés au carrefour des cultures, saluée pour son engagement en faveur de la culture, du dialogue et de la diversité artistique.

Le 30/06/2025 à 20h02

Le 24 juin dernier, à Enghien-les-Bains, en France, le suspense a pris fin lors de la séance de clôture de la Conférence annuelle du réseau des villes créatives de l’UNESCO: Essaouira a été désignée pour accueillir la 18ème édition de ce sommet culturel mondial en 2026, devenant ainsi la première ville d’Afrique et du monde arabe à abriter ce rendez-vous.

L’annonce, faite par Ernesto Ottone R., sous-directeur général de l’UNESCO pour la culture, a été accueillie avec émotion et fierté par la délégation marocaine présente sur place.

Une reconnaissance bâtie sur l’excellence culturelle

Ce choix est d’abord l’aboutissement d’un long travail. Depuis sa désignation comme Ville créative dans le domaine de la musique en 2019, Essaouira a su démontrer sa capacité à faire vivre cette reconnaissance au quotidien. Elle n’a pas seulement répondu aux critères de l’UNESCO: elle a incarné à travers ses politiques, ses pratiques et ses ambitions l’esprit même du réseau. Celui d’une ville qui place la culture au cœur de son développement.

Essaouira s’est imposée face à plusieurs villes candidates après un vote majoritaire des 350 villes membres. Il s’agit d’un succès «qui vient couronner une dynamique culturelle et patrimoniale patiemment construite», comme nous l’explique un acteur clé du développement culturel de la ville.

Depuis plus de trois décennies, la ville a mis en œuvre une stratégie de renaissance articulée autour de la valorisation de son patrimoine matériel et immatériel, des traditions soufies aux chants gnaouis en passant par les musiques andalouses et de chambre, poursuit notre interlocuteur.

Une ville-musique, creuset de diversités

Essaouira est «une scène vivante qui vit la musique toute l’année», rappelle-t-il. Quinze festivals s’y succèdent, couvrant une diversité de répertoires unique en Afrique, voire dans le monde.

Du Festival Gnaoua et musiques du monde, dont la 26ème édition vient de s’achever, aux Andalousies atlantiques, en passant par le festival dédié à la musique de chambre ou encore les rendez-vous électro et trance, la ville offre une scène à toutes les sensibilités, mais surtout qui réunit comme nulle part ailleurs sur scène des artistes juifs et musulmans.

Notre interlocuteur souligne, par ailleurs, la portée de cette désignation comme un véritable seuil symbolique franchi par la ville, fruit d’un processus minutieux. «C’est la reconnaissance d’une ville parmi les plus capées d’Afrique, tant pour son patrimoine que pour sa créativité contemporaine. Une ville qui conjugue l’écologie, le bâti historique, la diversité religieuse et l’innovation artistique sans jamais renier son âme», résume-t-il.

Selon lui, la spécificité souirie repose sur une alchimie rare: faire parler les pierres anciennes tout en accueillant les voix du monde, bâtir sans effacer, innover sans compromettre. Cette philosophie a permis à la ville d’inscrire sa trajectoire dans la durée, avec une cohérence saluée par les grandes institutions internationales. Essaouira, note-t-il, est également classée pour ses zones humides, son arganeraie et ses faune et flore.

Un thème central à fixer, la durabilité en ligne de mire

Pour l’UNESCO, la Conférence annuelle des villes créatives est devenue un espace incontournable d’échange entre les quelque 350 villes membres du réseau. Elle permet aux représentants municipaux de partager leurs expériences, de faire circuler les bonnes pratiques et de renforcer la coopération autour des enjeux culturels et du développement urbain durable.

L’édition 2026, qui se tiendra à Essaouira, abordera un thème principal qui sera précisé dans les mois à venir. Elle accordera une attention particulière à la question de la durabilité des politiques locales en matière de culture et d’économie créative. Ce sera aussi l’occasion de faire découvrir, à une audience internationale, le patrimoine exceptionnel et l’effervescence artistique d’une ville marocaine qui s’impose comme un modèle singulier.

L’organisation de cette rencontre à Essaouira s’inscrit dans le prolongement des efforts menés pour consolider le Réseau des villes créatives et faire avancer les engagements pris lors de la conférence Mondiacult 2025. Elle contribue également à la mise en œuvre des objectifs de développement durable, en particulier l’ODD 11, qui encourage des villes plus inclusives, durables et résilientes.

Par Hajar Kharroubi
Le 30/06/2025 à 20h02