Mosquée de Tinmel: la restauration reprend après le séisme de 2023

La Mosquée de Tinmel, dans le Haut Atlas, quelques jours après le séisme du 8 septembre 2023. (M.Marfouk/Le360)

Gravement endommagée par le séisme du 8 septembre 2023, la Mosquée de Tinmel, chef-d’œuvre de l’architecture almohade du 12ème siècle, fait l’objet d’une nouvelle opération de restauration. Entre enjeux patrimoniaux, défis techniques et mémoire collective, les travaux ont repris, portés par une volonté commune de sauvegarder ce patrimoine historique.

Le 08/05/2025 à 10h59

La Mosquée de Tinmel est en voie de renaissance. Gravement endommagé par le séisme du 8 septembre 2023 qui a frappé la région du Haut Atlas, ce monument historique datant du 12ème siècle, témoin majeur de la dynastie almohade, fait de nouveau l’objet de travaux de restauration. Ces derniers étaient en cours en 2023, avant que le tremblement de terre ne vienne brutalement les interrompre.

L’architecte Karim Rouissi, qui s’était rapidement rendu sur les lieux après la catastrophe, avait capturé des images des terribles dégâts. Diffusées alors massivement sur les réseaux sociaux, ces photographies sont aujourd’hui exposées jusqu’au 31 mai à l’Institut français de Marrakech.

Organisée par l’Association Turath pour la sauvegarde du patrimoine, cette exposition s’inscrit dans le cadre de l’événement «Le Mai de la Photo» et relance le débat sur la reconstruction à l’identique de cette mosquée.

Il y a trois mois, le marché de la reprise des travaux de restauration a été attribué à une nouvelle entreprise marocaine, nommée G3C, mais c’est toujours l’équipe dirigée par l’ingénieur Mohamed Kortbi qui est en charge du chantier, avec la participation de l’architecte italien Aldo Giorgio Pezzi, chargé de coordonner l’assistance technique. Le projet reste financé par le ministère des Habous et des Affaires islamiques.

«Lorsque le séisme a frappé, la mosquée était très endommagée, mais certains pans de mur, des piliers et des éléments de charpente étaient encore debout», explique Karim Rouissi. Résultat, les travaux en cours visent en premier lieu à consolider la structure. Le changement d’entreprise s’explique par l’évolution de la nature de l’intervention : «On n’est plus dans la rénovation classique, mais dans ce qu’on appelle la récupération. En matière de patrimoine historique, on ne parle pas de reconstruction», précise-t-il.

Pour rappel, une première réhabilitation avait été lancée en 1991, sous l’impulsion de l’historien Hamid Triki, avec un premier financement de la Fondation ONA, devenue depuis la Fondation Al Mada.

Contacté quelques jours après le séisme par Le360, l’historien avait souligné que, bien au-delà de sa valeur historique, c’est l’équilibre mathématique et géométrique de la mosquée qui lui confère son unicité. Il mettait en avant la finesse des motifs, ainsi que l’architecture des arcades et des proportions respecte des mesures artistiques précises de 60 cm.

L‘historien insistait également sur un point technique essentiel: retrouver le niveau zéro du sol d’origine, afin de repositionner les colonnes endommagées qui entourent la cour intérieure.

Par Qods Chabâa
Le 08/05/2025 à 10h59