En marge du Festival du livre africain de Marrakech (FLAM), un café littéraire s’est tenu le 31 janvier sur le thème de l’écriture des liens. Mahi Binebine, Éric Fottorino, Rachid Benzine, Dorcy Rugamba et Raphaëlle Red ont exploré la manière dont les figures parentales, réelles ou tirées de la fiction, marquent leurs œuvres. Entre hommage, quête identitaire et libération, les auteurs ont livré des récits intimes où l’écriture devient un espace de mémoire, de transmission et parfois de réparation.
Mahi Binebine, présent pour son dernier ouvrage «La nuit nous emportera», a livré un témoignage bouleversant sur sa mère. «Lorsque l’on parle de sa maman, c’est toujours difficile, et lorsqu’on parle de sa douleur, c’est encore plus difficile», confie-t-il à Le360 en marge de l’événement. Il évoque une femme marquée par la maladie et le deuil, mais qui a su transmettre à ses enfants une force indéfectible. «Ce livre m’a fait du bien. Lorsque je l’ai fini, c’est comme si je m’étais déchargé d’un poids que je portais depuis longtemps», avoue-t-il.
L’écrivain met en lumière l’enfance et cette relation mère-fils empreinte de chaleur et de protection: «C’est un petit garçon frileux qui parle, qui venait le matin se mettre entre ses cuisses, qui était chaud, qui était protégé. Et quand on replonge dans cet univers à 65 ans, on redevient petit garçon.»
À la recherche du père: le poids des secrets
De son côté, Éric Fottorino, écrivain et journaliste, a évoqué son roman «Dix-sept ans», inspiré de l’histoire de sa mère qui l’a eu très jeune. Son récit illustre la manière dont les secrets familiaux ressurgissent parfois de manière inattendue. «Comme souvent dans les secrets de famille, les découvertes sont fortuites, cela vient à travers une maladresse, un mot qui a été dit, que j’ai entendu», raconte-t-il.
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C’est ainsi qu’il a découvert l’existence de son père biologique, un médecin juif marocain, alors qu’on lui avait toujours affirmé qu’il n’en avait pas. Sa quête a pris la forme d’une enquête minutieuse : après avoir interrogé un oncle, puis sa mère, il a obtenu un nom et écrit à l’Ordre des Médecins. Par un hasard presque romanesque, il a pu retrouver son père, qui avait quitté le Maroc en 1973 et a répondu à sa lettre en 1977.
L’écriture, un espace de réparation
Ces témoignages poignants illustrent comment les figures parentales influencent profondément la trajectoire des écrivains. À travers leurs œuvres, ils naviguent entre douleur, héritage et quête de vérité, transformant leurs histoires personnelles en matière littéraire. Que ce soit pour rendre hommage à une mère courage ou pour réparer une identité fragmentée par l’absence d’un père, l’écriture apparaît comme un outil puissant de libération et de résilience.