Tahar Ben Jelloun

Le coup de gueule

"Tahar Ben Jelloun est sans conteste l'écrivain marocain le plus renommé au monde. Bien avant ""La nuit sacrée"", suite de ""L'enfant de sable""| qui lui a valu le prix Goncourt en 1987| il avait su séduire les plus exigeants des lecteurs et critiques avec des romans des plus saisissants et indéfinissables les uns que les autres. ""Harrouda""| ""Moha le fou| Moha le sage"". Des romans/poèmes| tant Ben Jelloun ne peut être cantonné à un genre| lui qui interpelle l'oralité propre à la culture originelle pour détourner la langue d'écriture et la rendre plus belle que jamais| plus que jamais parlante| et porteuse."

Une visite pas comme les autres
La visite d’Etat au Maroc du président Macron et de son épouse est un acte politique hautement symbolique. Non seulement on oublie la phase de la crispation et de la crise, mais la France a choisi d’accompagner le Maroc dans ses choix stratégiques, dans les grands projets de modernisation du pays.
Discussion avec un prince
Je me suis approché de Son Altesse Sérénissime le Prince Albert II de Monaco et lui ai demandé si je pouvais l’entretenir dans un coin de la salle. Très disponible et attentif, il me dit: «Je vous écoute». Je lui ai demandé: «Quelle est la position de la Principauté monégasque sur le dossier du Sahara marocain?»
Les bruits du Goncourt
Les autorités algériennes mènent une campagne de dénigrement contre Kamel Daoud et n’hésitent pas à attaquer votre serviteur, qui serait le manipulateur en chef dans un complot contre l’Algérie, sa révolution et son peuple! Du fait que je siège à l’Académie Goncourt, elles s’imaginent que j’y fais la pluie et le beau temps.
Liban
Depuis un demi-siècle, ce pays magnifique n’a cessé de recevoir des coups. C’est ce pays à terre, blessé à mort, qui est de nouveau attaqué. Au bout du fil, un ami originaire de ce Liban attaqué. Silence. Pas un mot. Juste un souffle, celui d’une mauvaise respiration. Un long silence avec, au fond, une âme qui souffre tellement qu’elle ne peut plus rien dire.
Pédocriminalité
La pédocriminalité existe au Maroc avec des prédateurs marocains et sans doute musulmans. La société marocaine est comme toutes les autres sociétés: le mal y circule et l’homme en fait sa passion sinon son mode de vie.
Héroïsme
Ce que Karim Mosta a fait mérite plus qu’une médaille. Cet homme a atteint la sainteté. À son âge, on devrait lui construire une maison simple, entourée d’oliviers, et on viendrait lui rendre visite sans rien lui demander. Une maison en haut d’une colline, loin des tracas de la ville, de la pollution et du bruit.
La chute
Durant plusieurs années, l’Abbé Pierre arrivait en tête des sondages des personnalités les plus aimées de France, et tout le monde trouvait cela normal et mérité. Aujourd’hui, on débaptise les écoles et lycées portant son nom, on enlève les plaques des rues à son nom. On ne sait plus quoi faire pour encaisser le coup et faire oublier la grande, l’immense méprise, celle d’un démon, agent du mal absolu.
De la laideur
Je regardais l’autre jour la photo de deux personnalités politiques algériennes: une laideur consternante se dégageait de leur visage, de leur regard, et même de leur poitrine endimanchée. Ici, ce n’est pas une malformation ou un rictus nerveux. Ici, c’est l’âme qui parle. Elle est bavarde. Ça se voit et ça s’entend. Il suffit de tendre l’oreille.
Rapacité
Gouverner, c’est prévoir. Or, le gouvernement actuel n’a pas l’air de prendre la situation au sérieux. Est-il au courant? Est-ce que des ministres daignent aller au marché faire leurs courses ou envoient plutôt leur chauffeur s’acquitter de cette corvée? Quelqu’un devrait les alerter: réveillez-vous! Le peuple ne peut plus supporter cette rapacité qui touche tous les produits.
Tolérance
Si des individus ont osé menacer deux intellectuels avec la promesse de les égorger, c’est que derrière ces fanatiques, il y a la folie des réseaux sociaux et la démagogie de responsables politiques qui utilisent l’Islam pour se maintenir dans la vie politique, malgré leur défaite cuisante aux dernières élections législatives.