Handi’Cap sur l’Atlas: une ascension solidaire pour dépasser les sommets… et les préjugés

Thierry Gras, chef d'établissement du collège Saint-Exupéry de Rabat présentant, micro à la main, le projet Handi'Cap sur l'Atlas, où 17 élèves, dont trois en situation de handicap, graviront le mont Toubkal. (K.Essalak/Le360)

Le 13/05/2025 à 15h36

VidéoPorté par 17 élèves marocains et français, dont trois en situation de handicap, le projet Handi’Cap sur l’Atlas s’élance à l’assaut du mont Toubkal du 13 au 16 mai. Une expédition inclusive et solidaire, initiée par le collège Saint-Exupéry de Rabat avec l’explorateur Arnaud Chassery, pour sensibiliser à la question du handicap et célébrer la force du collectif.

Au collège Saint-Exupéry de Rabat, l’émotion et l’enthousiasme étaient palpables ce lundi 12 mai, à l’occasion de la conférence de presse annonçant le lancement d’un projet aussi ambitieux que porteur de sens: Handi’Cap sur l’Atlas. Du 13 au 16 mai, 17 jeunes, dont trois en situation de handicap, s’élanceront à l’assaut du mont Toubkal, point culminant d’Afrique du Nord, à près de 4.200 mètres d’altitude. Une expédition à la fois sportive, humaine et inclusive, menée avec le soutien de l’ambassade de France au Maroc et du consulat général de France à Rabat.

À l’origine de ce projet: une rencontre entre Thierry Gras, chef d’établissement du collège et Arnaud Chassery, explorateur et fondateur de l’association Alopias, engagée pour l’inclusion des jeunes en situation de handicap à travers des aventures aux quatre coins du monde.

«On réfléchit à ce projet avec Arnaud Chassery depuis deux ans», confie Thierry Gras. En premier lieu, l’explorateur français a mené près de 24 conférences en décembre dernier, pour partager avec les élèves du collège ses espoirs inclusifs et solidaires. «Depuis, on prépare ensemble l’ascension du Toubkal, avec des enfants de la Fédération royale marocaine des sports pour personnes en situation de handicap (FRMSPSH) et des élèves du collège», développe-t-il.

«L’idée, c’est d’arriver ensemble jusqu’au sommet et de déployer une banderole avec le slogan choisi par les élèves: “Fais de ta vie un rêve, et d’un rêve, une réalité”», ajoute le chef d’établissement. Un slogan tiré des œuvres d’Antoine de Saint-Exupéry, choisi comme une déclaration d’intention.

Pour Arnaud Chassery, cette aventure dépasse largement le cadre d’un exploit sportif: «Le projet a été retardé par la pandémie, mais ça ne nous a pas empêchés de sensibiliser plus de 1.000 élèves au handicap, au dépassement de soi, à la solidarité.»

Et il poursuit: «Monter le Toubkal, c’est une prouesse, surtout pour les jeunes en situation de handicap. Mais ce sera une réussite collective. Il faudra compter les uns sur les autres, s’unir pour aller jusqu’au sommet.»

Parmi les 17 jeunes, trois élèves en situation de handicap relèvent le défi. L’une d’elles, Malak Lazrak, 16 ans, malvoyante de naissance, rayonne d’enthousiasme. «Je suis très heureuse de vivre cette aventure. Ce sera ma première vraie immersion dans la nature, mon premier camping. J’espère faire évoluer les esprits, car le handicap reste un sujet tabou au Maroc. Je veux montrer qu’il n’est pas une fatalité. Gravir le Toubkal, c’est montrer qu’on peut surmonter toutes les montagnes, au sens propre comme au figuré», confie-t-elle.

Sportive et volontaire, Malak voit dans cette expédition l’occasion de changer les regards, et d’affirmer sa place dans la société: «Ce handicap, c’est ma normalité. J’accepte ça pleinement.»

Un message fort entre les deux rives

Présent lors de la conférence, le consul général de France à Rabat, Olivier Ramadour, a salué une initiative «tout à fait dans le sens du partenariat d’exception renforcée entre la France et le Maroc».

«Ce projet incarne une belle aventure humaine, inclusive, qui donne leur chance à des enfants avec des compétences différentes. En tant que représentant du consulat, nous l’avons soutenu avec une subvention accordée via le Conseil consulaire», déclare-t-il.

Au-delà de la performance physique, l’expédition est aussi un message de fraternité et de respect mutuel, entre les jeunes, mais aussi entre les deux pays.

Les élèves: porteurs d’un idéal collectif

Chez les participants, l’énergie est perceptible. Leyth, élève de 3ème au collège Saint-Exupéry, résume parfaitement l’esprit du projet: «Plus qu’une ascension, c’est une aventure merveilleuse. On va tester nos limites physiques et mentales, mais surtout apprendre à mieux nous connaître, à faire confiance, à nous entraider. Ce qui nous unit, c’est l’inclusion, le partage, la persévérance.»

Là où les clivages et les exclusions persistent, Handi’Cap sur l’Atlas se dresse comme un exemple concret d’inclusion active, portée par la jeunesse. À l’image de la montagne qu’ils s’apprêtent à gravir, ces élèves nous montrent qu’il est toujours possible d’élever le débat, de dépasser les préjugés et de construire des ponts solides entre les différences.

Par Camilia Serraj et Khalil Essalak
Le 13/05/2025 à 15h36