Alors que le Maroc connaît sa pire sécheresse depuis 30 ans et que les pluies se font rares dans de nombreuses régions du territoire marocain, les retenues d’eau des barrages continuent de baisser de manière inexorable.
Selon les données de la Direction générale de l'eau, relevant du ministère de l'Equipement, au 20 février 2022, les retenues des principaux barrages nationaux se limitent à 5,34 milliards de mètres cubes sur une capacité totale de 16,1 milliards de mètres cubes, soit un taux de remplissage moyen de seulement 33,1%. A la même période l’année dernière, ce taux était encore de 48,4%, soit près de 2,3 milliards de mètres cubes de plus.
Cette baisse est la résultante de l'accumulation de plusieurs années de sécheresse et du manque de pluies ces derniers mois. Le mois de janvier a d’ailleurs été particulièrement sec. Ainsi, les trois premières semaines de 2022 ont accusé un déficit hydrique de plus de 80% par rapport à l'année dernière et de 60% comparativement à une saison normale.
Si dans le Nord, les barrages sont encore relativement bien pourvus, comme c’est le cas pour le Barrage Al Wahda, le plus grand du pays qui affiche un taux de remplissage de 56,8%, dans le Sud, la situation est de plus en plus critique, notamment dans les bassins hydrographiques d’Oum Errabiâ et de Tensift.
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Le barrage Al Massira, deuxième plus grand barrage du Royaume (2,657 milliards de mètres cubes), qui alimente en eau potable Marrakech ainsi que la partie sud de Casablanca, et qui irrigue les périmètres agricoles des Doukkala, affiche un taux de remplissage de 6,7% seulement.
Le barrage de Bin El Ouidane, troisième barrage du pays avec une capacité de 1,2 milliard de mètres cubes, affiche un taux de remplissage de 14.5%. Quant au barrage Abdelmoumen, l'un des plus importants de la région Souss-Massa, il est quasiment à sec, avec un taux de remplissage de 3,9%.
«Cet important déficit hydrique a fait passer le Maroc d'une situation de stress hydrique à une situation de pénurie d’eau», explique le climatologue et expert en développement durable, Mohammed Benabbou. Si le stock d’eau disponible dans les barrages à ce jour permettra encore de sécuriser les besoins en eau potable de toutes les grandes villes durant un certain temps, les villes situées au large des bassins de la Moulouya, Oum Errabiâ et Tensift devraient rencontrer beaucoup de difficultés dans les prochains jours si la situation hydrologique ne s'améliore pas», avait commenté cet expert, dans un entretien avec Le360.
Pour faire face à cette situation, les autorités ont décidé d’agir. A Marrakech, les autorités locales ont pris, via un arrêté gubernatorial daté du mercredi 26 janvier, une batterie de mesures contraignantes pour tout le monde, particuliers, opérateurs touristiques et industriels, afin de rationaliser les ressources en eau.
Plus récemment, dans une note datée du 17 février 2022, le ministre de l’Intérieur a invité les walis et gouverneurs à assurer la mise en œuvre nécessaire «d’une gestion rationnelle des ressources en eau disponibles». Ce plan d’urgence prévoit notamment l'application de restrictions sur les débits d'eau distribués aux usagers ainsi que l'alimentation en eau potable par camions citernes de la population rurale touchée par le déficit hydrique. Car si la pluie venait toujours à manquer, le prochain été risque d’être très difficile.