Ecroué pour viols sur mineurs et traite d’êtres humains à Paris, l’homme d’affaires Jacques Bouthier est accusé par quatre jeunes femmes à Tanger pour harcèlement sexuel. Lors d'une conférence de presse organisée par l'Association marocaine des droits des victimes (AMDV), vendredi 17 juin 2022, deux d’entre elles ont brisé le silence, relatant ainsi les souffrances qu’elles ont vécues, alors qu’elles travaillaient dans le groupe de courtage en assurances détenu par cet homme d’affaires.
La première victime a raconté, dans une déclaration pour Le360, sous couvert d'anonymat, avoir été victime d'un harcèlement qui a duré entre octobre 2020 et avril 2022, soit un an et demi, précisant que plusieurs cadres responsables de ce groupe étaient au courant de cette affaire.
Elle a également souligné qu’ils ont tiré profit de la situation économique fragile de l’époque. En pleine pandémie de Covid-19, ils savaient bien qu'elle ne pouvait pas se permettre de démissionner, le risque de ne pas retrouver d'emploi étant trop grand. De plus, une obscure plainte avait été déposée contre elle. Des éléments propices pour l’exploiter, en lui demandant d'envoyer des photos à caractère sexuel et de rencontrer Jacques Bouthier afin d’avoir des relations sexuelles avec lui.
Après avoir refusé de céder au chantage de Jacques Bouthier et de ses complices parmi les cadres de la société à Tanger, a-t-elle ajouté, on lui a demandé de lui présenter une proche, soit une de ses sœurs, de ses cousines ou de ses amies, en échange d’un cadeau. Ce chantage s’est poursuivi, malgré ses multiples refus.
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Une autre victime, qui a également témoigné sous couvert d'anonymat, a indiqué que trois responsables, complices de Jacques Bouthier, lui ont proposé d’entretenir des relations sexuelles avec eux, contre beaucoup d'avantages, précisant qu’après avoir répondu par la négative à leur demande, ils ont commencé à la harceler moralement.
Epuisée, elle a fini par quitter son emploi et entamer un traitement psychologique.
Aicha Guellaa, avocate et présidente de l'Association marocaine des droits des victimes (AMDV), a indiqué, interrogée par Le360, que l’objectif de cette conférence de presse est d’éclairer l’opinion publique sur cette affaire ainsi que sur les plaintes qui ont été déposées auprès du procureur général de Tanger par les quatre plaignantes marocaines contre leur ancien employeur pour harcèlement sexuel.
Elle a également souligné que l'AMDV est en train d’écouter d’autres victimes, rappelant que l'association se tient à leurs côtés et qu'elle appelle le reste des victimes à porter plainte et à briser le mur du silence. Un avis partagé par maître Abdelfattah Zahrach qui a appelé toutes les personnes auxquelles des plaintes ont été adressées à agir, rappelant que les faits se sont déroulés à Tanger et insistant sur le principe de territorialité de la loi pénale.