Le tribunal de première instance de Tanger a scellé, dans les premières heures de ce mercredi 25 décembre, le destin des accusés impliqués dans l’affaire «Groupe Al Khaïr». Au terme d’un procès marathon de 37 heures, des peines cumulées de 77 ans et 9 mois de prison ferme ont été prononcées.
Dans la salle d’audience, l’atmosphère était lourde. Les visages fatigués des familles présentes racontaient à eux seuls l’ampleur du drame: une escroquerie colossale qui aurait fait des centaines de victimes, délestées de près de 720 millions de dirhams. Ses auteurs, à la tête d’un réseau de «tontines», auraient exploité la crédulité d’un millier de personnes en leur faisant miroiter des investissements juteux aux rendements mirobolants en un temps record.
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Vers 2 heures du matin, après plus de quatre heures de délibérations, le juge a entamé la lecture des sentences, le greffier égrenant un à un les noms des accusés et des peines prononcées. Considérées comme les «cerveaux» de l’opération, les dénommées Yousra et Karima écopent chacune d’une peine de cinq ans de prison ferme. La même sanction est infligée au mari de Yousra, jugé comme complice direct dans la gestion des finances frauduleuses.
Le couperet tombe ensuite sur les autres membres du réseau. Huit d’entre eux sont condamnés à quatre ans de prison ferme chacun. Cinq autres accusés sont condamnés à trois ans de réclusion, tandis qu’une accusée, visiblement secouée par l’annonce de sa peine, se voit infliger deux ans de prison ferme.
Des peines de prison assorties d’amendes
Trois autres prévenus, ayant également le statut de complices, écopent d’une peine d’un an de prison chacun. Quant au dénommé «M», il est condamné trois mois de prison ferme. Deux autres accusés, identifiés par les initiales «G» et «B», échappent à l’incarcération immédiate avec une peine de trois mois avec sursis. Outre la prison, la plupart des condamnés devront s’acquitter d’une amende de 5.000 dirhams.
Dans un coin de la salle du tribunal, une femme fond en pleurs à l’annonce des peines les plus lourdes. À l’opposé, un groupe de victimes murmure des prières, les larmes aux yeux. «Enfin un peu de justice!», lâche l’un d’eux, les poings serrés.
Mais la satisfaction des victimes reste teintée d’inquiétude. «Ces gens vont être punis et aller en prison, mais nous, qui va nous rendre notre argent?», se demande une femme, victime du réseau, dont les économies ont été englouties dans ce qu’elle croyait être un réseau de «tontine» particulièrement rentable.