Sahara. Tournant majeur en Afrique du Sud: le parti de l’ancien président Zuma soutient officiellement le plan d’autonomie

Le roi Mohammed VI et l'ex-président de l'Afrique du Sud, Jacob Zuma, à Abidjan en novembre 2017, en marge du sommet Union africaine-Union européenne. DR

Parti de l’ancien président Jacob Zuma, troisième force politique du pays et issu de l’omnipotent ANC dont il a fait scission en 2023, uMkhonto we Sizwe (MK) a rendu public un document appuyant officiellement le plan d’autonomie du Sahara sous souveraineté marocaine. Véritable manifeste pour un rapprochement Rabat-Pretoria, cette annonce sonne la fin de l’unanimité anti-Royaume en Afrique du Sud. Un tournant.

Le 12/06/2025 à 10h46

En Afrique du Sud, l’annonce a eu l’effet d’une bombe. L’uMkhonto we Sizwe (MK), troisième force politique du pays, rompt l’unanimité de fait contre le Maroc et en faveur des séparatistes du Polisario. Dans un document de 17 pages rendu public le 9 juin dernier, le parti politique de l’ancien président Jacob Zuma, issu d’une scission de la formation de Nelson Mandela (ANC), se prononce officiellement et solennellement en faveur du plan d’autonomie du Sahara sous souveraineté marocaine. Une révolution et une position en totale rupture avec la ligne officielle défendue par Pretoria depuis 2004, date de sa reconnaissance de la pseudo-Rasd.

Sous le titre évocateur «A Strategic Partnership for African Unity, Economic Emancipation and Territorial Integrity: Morocco», le document se veut un manifeste pour un rapprochement définitif entre Rabat et Pretoria. Cela passe inéluctablement par le Sahara. Ainsi, le MK affirme soutenir sans réserve l’initiative marocaine d’autonomie comme «seule solution viable et réaliste», soulignant son potentiel pour instaurer la paix et la stabilité dans la région. Pour le MK, le plan marocain permet une gouvernance locale significative au «peuple sahraoui», tout en garantissant que le Maroc conserve sa souveraineté sur la région. Il s’agit d’«un moyen de mettre fin aux souffrances et à l’instabilité dans cette région».

La nouvelle position est expliquée par «le contexte historique et juridique» qui plaide en faveur des revendications marocaines. «La proposition marocaine d’autonomie pour le Sahara occidental doit être examinée dans le contexte de l’unification des peuples africains et des principes d’autodétermination», peut-on lire.

Dans ce document, il est précisé que «le Sahara occidental faisait partie du Maroc avant la colonisation espagnole à la fin du XIXème siècle. En effet, le Sahara occidental est une partie intégrante du Maroc depuis des siècles». «Lorsque l’Espagne s’est retirée en 1975, le statut de la région est resté en suspens, et le Maroc a entrepris de la récupérer. Cette action était conforme à l’intégrité territoriale du Maroc, une pierre angulaire de sa politique étrangère», lit-on. La Marche verte de 1975 est ainsi présentée comme un «acte légitime de décolonisation».

Les valeurs partagées, les engagements communs et les finalités recherchées, notamment pour une Afrique prospère et souveraine... Tout y passe dans le document. Le parti rappelle que le Maroc fut, dès 1962, le premier pays africain à soutenir militairement la branche armée de l’ANC, dont l’uMkhonto we Sizwe tire son nom et son héritage politique. Également rappelée, la rencontre entre le roi Mohammed VI et l’ancien président Jacob Zuma à Abidjan en novembre 2017, en marge du sommet Union africaine-Union européenne, présentée comme l’acte fondateur de la nouvelle relation Maroc-Afrique du Sud.

Aujourd’hui, il est temps de bâtir un «partenariat panafricain pour servir les intérêts supérieurs du continent». «La fragmentation orchestrée par des acteurs extérieurs affaiblit notre continent. Une alliance solide entre l’Afrique du Sud et le Maroc peut opposer une digue à ces ingérences», lit-on encore. Véritable feuille de route axée sur cinq volets (coordination diplomatique, projets économiques conjoints, coopération sécuritaire, échanges intellectuels et rapprochement culturel), le texte insiste sur la coopération économique «entre les deux plus grandes puissances industrielles du continent». Des secteurs comme l’agriculture, l’énergie, les infrastructures ou encore l’éducation y sont présentés comme prioritaires.

À l’heure où nous mettions en ligne, l’ANC n’avait pas encore réagi à la nouvelle position de l’uMkhonto we Sizwe. S’il n’est pas sûr qu’elle ne fasse que des heureux, celle-ci ne manquera pas de faire réagir… et réfléchir.

Il s’agit du deuxième geste fort en provenance de l’Afrique du Sud à l’adresse du Maroc, et ce, en moins d’un an. En octobre 2024, le vice-président du Comité des relations internationales de l’ANC, Obed Bapela, s’était rendu à Rabat où il avait eu des entretiens avec le ministre des Affaires étrangères, Nasser Bourita. Ce nouveau geste intervient également dans un contexte où l’Afrique anglophone, incarnée en l’espèce par le Ghana et le Kenya, deux grandes puissances du continent, bascule inexorablement en faveur du Maroc et du plan d’autonomie. Le tout a été mené en parallèle d’un changement majeur opéré par le Royaume-Uni, membre permanent du Conseil de sécurité et parrain du Commonwealth, qui appuie désormais ouvertement le plan marocain comme seule solution à un conflit qui n’a que trop duré.

L’Afrique du Sud sera-t-elle la suivante? L’espoir est plus que jamais permis.

Par Tarik Qattab
Le 12/06/2025 à 10h46