1er novembre 2023. Abdeltif Loudyi, ministre délégué chargé de l’Administration de la Défense nationale, est l’invité de la Commission des affaires étrangères, de la défense nationale et des affaires islamiques à la Chambre des représentants pour un exposé sur le projet de budget sectoriel de son département pour 2024. Et il est pratiquement le seul membre de l’équipe gouvernementale qui va s’exprimer devant les élus de la nation sans craindre aucune critique. Il est aussi l’un des rares ministres à avoir droit à des applaudissements à la fin de son exposé.
Quand les élus, majorité et opposition confondues, prennent la parole, c’est d’abord pour saluer le rôle des Forces armées royales (FAR) appelées à intervenir sur tous les fronts au service de la Nation.
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Le 1er novembre, les parlementaires ont rendu hommage à l’armée pour son importante et décisive intervention après le séisme du 8 septembre pour sauver des vies, reconstruire et aider. Et le budget sectoriel de la Défense est passé comme une lettre à la poste. À l’unanimité.
4% de plus pour le budget de l’armée
Contrairement à certaines lectures hâtives, le budget de l’armée marocaine n’a pas du tout «explosé». Le budget général a augmenté d’un petit 4% pour passer à 54,4 MMDH. Et une très grande partie de cette enveloppe est dédiée à couvrir les dépenses du personnel qui vont se chiffrer en 2024 à 41,3 MMDH.
«Le budget de Défense de 2024, en comparaison avec celui de 2023, demeure quasi stable. Bien qu’il y ait une légère augmentation, une enveloppe de 41 MMDH est réservée au personnel, ce qui représente près de 60% du budget total, au moment où les engagements par anticipation se chiffrent à 124 MMDH», explique Abdelhamid Harifi, analyste et administrateur du forum FAR-Maroc, pour Le360.
«L’augmentation budgétaire envisagée dans le PLF se limite ainsi aux dépenses liées au personnel militaire, avec une augmentation prévue de 39,6 MMDH en 2023 à 41,3 MMDH en 2024. Ce renforcement budgétaire s’explique principalement par les nouvelles embauches (7.000 postes prévus en 2024) et les avancements de grade», explique encore cet analyste militaire.
Quid des 124,7 milliards de dirhams?
Selon Abdelhamid Harifi, ce montant correspond au poste «Engagement par anticipation», ce qui n’implique pas nécessairement des dépenses immédiates. Concrètement, ce sont des autorisations octroyées à l’Administration de la Défense nationale pour effectuer des achats d’armes et financer le développement de l’industrie de la défense.
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En pratique, cela signifie aussi que les achats d’équipements militaires sont souvent financés grâce à des emprunts. L’Administration de la Défense nationale doit cependant veiller à ce que les remboursements de ces emprunts restent dans les limites du budget annuel alloué, qui s’élève à 10,8 MMDH. Cette administration doit gérer la dette résultant de ces achats de manière à ne pas dépasser cette somme prédéfinie dans le budget de chaque année.
«Contrairement à ce qui est véhiculé, le financement dédié aux acquisitions militaires a été maintenu, au cours des dernières années, à 10,8 MMDH. Seuls les engagements pris par anticipation ont augmenté, passant de 121 MMDH à 124,7 MMDH», tranche-t-il.
Un travail de modernisation soutenu
D’après Abdelhamid Harifi, le Maroc est en train de chercher à renouveler son appareil défensif, à se doter de nouveaux dispositifs dans la limite de ses moyens financiers, mais pas dans une logique de course à l’armement. Il estime que le Royaume est pleinement conscient du besoin de protéger ses infrastructures vitales, telles que les installations sportives, ainsi que les villes hôtes d’événements majeurs, en prévision par exemple de la Coupe du monde 2030.
L’un des piliers de cette modernisation serait donc, selon l’expert, le renouvellement de la flotte d’hélicoptères. Ces appareils sont essentiels pour garantir une mobilité rapide et une capacité de réaction immédiate face à d’éventuelles menaces. De même, la modernisation des parcs de blindés de combat d’infanterie s’avère nécessaire pour assurer une défense terrestre efficace.
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La sécurité maritime n’est pas en reste. Le renouvellement des flottes de patrouille et de transport maritime est une étape cruciale pour protéger les côtes et garantir la sûreté des eaux territoriales. L’établissement d’une artillerie de défense côtière devrait renforcer ce dispositif, offrant une protection supplémentaire contre d’éventuelles menaces maritimes.
Au vu de tous ces défis, les élus n’en démordent pas et demandent plus de moyens pour l’armée. «Face aux dangers qui guettent notre pays et aux multiples rôles de notre armée, nous demandons à lui octroyer plus de moyens», déclare Chaoui Belaâssal, président du groupe parlementaire formé par les députés de l’Union constitutionnelle (UC) et du Mouvement démocratique et social (MDS).