L’absence récurrente de plusieurs membres du gouvernement au Parlement suscite l’indignation dans les rangs de l’opposition. Un constat sévère a été dressé par l’élu du Parti du progrès et du socialisme (PPS), Ahmed Abadi, qui déplore le manque de rigueur dans le respect des engagements institutionnels.
«Les ministres, pas tous heureusement, brillent par leurs absences parce qu’il n’y a pas de mesures coercitifs qui les en empêche», a affirmé le député, en citant nommément les ministres du Tourisme, Fatim-Zahra Ammor, et Leila Ben Ali, ministre de la Transition énergétique et du Développement durable.
Cette problématique de l’absentéisme ministériel a récemment été soulevée par le groupe parlementaire de l’USFP, qui a interpellé la présidence de la Chambre. Ahmed Abadi poursuit en évoquant d’autres cas «à l’exemple de Fatima-Ezzahara El Mansouri, ministre de l’Aménagement du territoire national et de l’Urbanisme, ou Nizar Baraka, ministre de l’Équipement et de l’Eau, qui s’absentent parfois».
Selon lui, certains ministres ne se limitent qu’à une lecture mécanique de leurs interventions: «Il y a des ministres qui viennent pour lire leurs présentations faites lors de la discussion du projet de loi de finances.» Or, rappelle-t-il, «l’article 100 de la Constitution oblige le gouvernement et ses membres à assister au Parlement, que ce soit pour les questions de contrôle, législatives ou pour l’évaluation des politiques publique», martèle ce président d’une commune située dans les environs de Taza.
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Le député souligne également que cette obligation est explicitement formulée dans le règlement intérieur de l’institution: «Le règlement intérieur du Parlement stipule la nécessité pour les ministres d’assister aux travaux du Parlement, notamment l’article 260, ce qui signifie que les membres du gouvernement doivent se rendre au Parlement pour participer aux discussions législatives, de contrôle ou d’évaluation des politiques publiques.»
Et de poursuivre: «Malheureusement, nous constatons que les ministres n’assistent pas régulièrement, et lorsqu’ils assistent, leur présence se limite à la présentation des projets de lois financières, puis ils partent sans participer activement aux discussions. Ce comportement nuit à l’institution législative et affaiblit son rôle dans le contrôle du gouvernement et l’évaluation des politiques publiques.»
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Il déplore également une forme de désinvolture institutionnelle: «Les ministres ne montrent pas suffisamment de respect pour l’institution législative, se contentant de présenter leurs projets de lois financières, puis partent sans participer aux discussions sur le budget ou suivre sa mise en œuvre.»
Et d’estimer, dans une critique sévère mais récurrente que «ce comportement nuit à l’institution législative et affaiblit son rôle dans le contrôle du gouvernement et l’évaluation des politiques publiques».
Pour Ahmed Abadi, le gouvernement se doit d’être «plus ouvert et communicatif avec le Parlement, et respecter la constitution qui l’oblige à assister et à participer activement aux discussions». Il va plus loin en soulignant les conséquences de cette attitude sur le climat politique national: l’absence des ministres au sein de l’institution législative reflète, a-t-il martelé, «une faiblesse de la communication politique et affecte négativement la démocratie, car elle entraîne une baisse de la confiance entre les citoyens et les institutions politiques».
Le député appelle l’exécutif à une moralisation générale: «Le gouvernement doit prendre conscience de l’importance de la coopération avec le Parlement et à travailler à renforcer cette coopération par une présence régulière et une participation active aux discussions», conclut-il.