Législatives 2016: les quatre points à retenir des résultats partiels

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En attendant les résultats finaux des élections du 7 octobre, une première lecture s'impose. Voici, grosso modo, ce qu'il faut retenir d'une consultation tant attendue. Eclairage.

Le 08/10/2016 à 10h04

Les abstentionnistesIls ont volé la victoire aux partis politiques. Ceux qui ne votent pas représentent 57% des Marocains inscrits sur les listes électorales, et certainement bien davantage si l’on tient compte des Marocains non inscrits sur ces listes. Ce taux d’abstention devient clairement alarmant dans les grandes agglomérations comme Casablanca où il avoisine les 70%. Cela signifie deux choses: primo, les citoyens marocains se désintéressent de la politique et des partis qui sont peu crédibles à leurs yeux.

Secundo, Le PJD même s’il réussit à mobiliser son électorat est très peu représentatif des Marocains, parce qu’il ne réussit pas à faire bouger ceux qui ne votent pas.

Le PJD a montré une bonne résistance en mobilisant son électorat en dépit de cinq années au gouvernement. Il a même amélioré son score, passant dans les circonscriptions locales de 83 à 99 sièges, mais il semble avoir atteint son plafond de verre. Ce parti mobilise massivement son électorat, mais n’arrive pas encore à séduire et encore moins à représenter la très large majorité des Marocains.

Vers une bipolarité PAM-PJDLe PAM a pesé de toutes ses forces dans ces législatives. Il a plus que doublé son score lors des législatives de 2011, en passant de 35 à 80 sièges dans les circonscriptions locales. Mais cela n’a pas suffi pour dépasser le PJD. Le PAM dépassera probablement les 105 sièges lorsque les résultats des listes nationales seront communiqués par le ministère de l’Intérieur. Les sièges du PJD devraient avoisiner 130. Avec les sièges du PAM et du PJD, nous nous retrouvons avec deux partis qui représentent près de 240 sièges sur 395 à la Chambre des représentants. Deux formations que tout oppose et qui ont décidé de ne pas former de coalition gouvernementale.

Avec cette configuration, nous nous acheminons vers deux blocs: les conservateurs à référentiel religieux et les progressistes libéraux. Cette tendance vers le bipartisme se révèle particulièrement dommageable pour les autres partis qui voient leurs sièges rétrécir comme une peau de chagrin.

L’USFP se meurtCe parti a perdu plus de la moitié de ses sièges, passant de 30 à 14. Les frondes et l’élection contestée de Driss Lachgar au poste de premier secrétaire des socialistes semblent avoir détourné les électeurs de ce parti. Il semble peu certain que l’USFP puisse dépasser sans coup férir la crise de cette très petite représentativité. Ce parti, grand naguère, va se retrouver avec à peine le strict minimum pour constituer un groupe parlementaire. Une réaction vive est attendue des dirigeants de ce parti dans l’espoir de reconquérir son électorat. La mission est difficile.

Où va-t-on?Comme le stipule la Constitution, le chef du gouvernement est issu du parti qui remporte le plus de voix dans les législatives. Le PJD va rempiler donc, mais il ne lui sera pas facile de former une majorité gouvernementale. Le parti le plus proche idéologiquement du PJD est l’Istqlal, également conservateur. Admettons que les deux partis dépassent leurs différends et les piques qu’ils échangent régulièrement. Avec 31 sièges remportés dans les circonscriptions locales, une coalition gouvernementale PJD/ PI est impossible mathématiquement. Il faut au moins un troisième parti pour atteindre les 198 sièges qui donnent la majorité au Parlement. Benkirane pourra-t-il constituer une coalition gouvernementale? C’est la grande question. 

Et s’il ne réussissait pas à la constituer, où va-t-on? La Constitution ne prévoit pas de sortie en cas d’impossibilité pour le parti politique en tête des élections de former un gouvernement. S’acheminerait-on à une crise institutionnelle qui pourrait déboucher sur des élections anticipées. Trop onéreux financièrement et politiquement!

Croisons les doigts!

Par Mohamed Chakir Alaoui
Le 08/10/2016 à 10h04