Le président algérien affirme qu’il ne lâchera pas «le Sahara occidental quel qu’en soit le prix»

Le président algérien Abdelmadjid Tebboune donnant, jeudi 19 janvier 2023 à Alger, un discours devant les walis. 

Le président algérien Abdelmadjid Tebboune donnant, jeudi 19 janvier 2023 à Alger, un discours devant les walis.  . Capture d'écran.

Dans un bavardage tenu jeudi 19 janvier à Alger devant les walis, Abdelmadjid Tebboune a pratiquement délimité toute la politique étrangère de son pays à la question du Sahara. «Nous ne lâcherons pas le Sahara occidental, quel qu’en soit le prix». A date, celui-ci s’élève à plus de 500 milliards de dollars et à un sous-développement de l’Algérie.

Le 20/01/2023 à 11h49

Il est de ces obsessions qui font vraiment peur tellement elles peuvent conduire un régime, et le pays qu’il dirige, à des logiques suicidaires. Il en va ainsi de la question du Sahara marocain pour la junte en Algérie. Non seulement le dossier cristallise toute la haine vouée par le «système» au Royaume voisin, mais il est érigé en seul angle de vue de toute la politique étrangère du pays. Et c’est franchement dangereux. Président algérien, Abdelmadjid Tebboune en a de nouveau apporté une illustration. C’était jeudi 19 janvier 2023 à Alger lors d’un «discours» donné en ouverture de «la rencontre gouvernement-walis».

Dans ce discours-fleuve, Tebboune ne décollait du texte écrit pour lui que pour se lancer dans des hors-pistes faits d’approximations, de confusions (d’années et même de siècles, par exemple), de «truc», «machin» et autres «hada houa: c’est ainsi» en guise de mots. Devant une assistance aseptisée et sous le regard scrutateur du chef de l’armée, Saïd Chengriha, il s’est ainsi donné à cœur joie à son exercice favori: la parlote. Si la prise de parole devait se concentrer sur «l’état de la nation», le président algérien ne pouvait laisser une telle opportunité sans parler du Sahara, décidément seul point à l’ordre du jour de la politique étrangère algérienne. La véritable poudre de perlimpinpin qu’est devenue la cause palestinienne évoquée n’y changera rien. Et sur le Sahara, il a été on ne peut plus clair: «Nous ne lâcherons pas le Sahara occidental, quel qu’en soit le prix».

Finie la litote voulant que la question du Sahara ne concerne pas l’Algérie, qui refuse même de prendre part aux tables rondes décidées par le Conseil de sécurité de l’ONU. Tebboune décrète que le Sahara est une cause nationale pour l’Algérie qui n’y renoncera pas «quel que soit le prix». «Ils ont le droit à l’autodétermination (applaudissements de la salle)… La page du 19e siècle, nous l’avons tournée avec notre indépendance (applaudissements)… Il faut l’autodétermination. Nous l’avons défendue pour le Timor oriental, pour les Comores mais sur le Sahara, nous sommes devenus les ennemis. Le dossier se trouve au niveau de la commission de décolonisation des Nations Unies», a-t-il ressassé, criant de plus en plus fort.

«Pour nous, c’est une question de principe. Nous allons lutter de toutes nos forces pour ces causes, la cause sahraouie, la cause palestinienne et toutes les causes justes dans le monde. Telle est la politique de notre pays», a-t-il dit. Vaste programme pour une dictature militaire dans un pays qui souffre d’une pénurie de lait (en poudre), où le manque de viande a fait prospérer les abattoirs clandestins d’ânes et où les chats sont égorgés, dépecés et vendus comme de la viande de lapin. A côté des denrées alimentaires rares ou hors de prix, les médicaments sont aussi introuvables et les Algériens doivent compter sur les cabas de la diaspora pour se procurer des médicaments ou mourir. Mais qu’importe «le prix», d’abord le Sahara occidental et le Polisario, ensuite le régime d’Alger pensera à l’alimentation et aux soins du peuple algérien.

GaspillageLe prix, l’Algérie, en tant que pays et en tant que peuple, en a déjà payé et chèrement sur une affaire qui fondamentalement ne la concerne pas. La création, l’hébergement, l’armement et le soutien diplomatique algérien aux séparatistes du Polisario ont déjà coûté la bagatelle de 500 milliards de dollars qui, si investis dans des projets de développement, auraient transformé le pays. Mais que dire quand la haine du Maroc et la volonté de nuisance quant à son intégrité territoriale prennent le dessus et quand la priorité n’est pas de construire son pays mais de détruire celui des autres? Et l’Algérie continuera de dépenser sans compter, pour peu que son parasitage fonctionne. Et tant pis pour les rares voix qui s’élèvent pour dénoncer un crime, d’abord contre le peuple algérien. Ancien président du Front de libération nationale (FLN), Amar Saadani avait osé le dire en 2019 en affirmant que l'argent dépensé depuis 50 ans pour financer le Polisario méritait d'être alloué au développement des villes algériennes. Et d’ajouter que le Sahara pour lequel le régime déploie tout son génie, et ses ressources, faisait historiquement partie du Maroc et que son amputation était un fait colonial. Conséquence: sa tête est (tiens!) mise à prix par la junte.

La sortie du président Tebboune a ce mérite de rappeler les vraies urgences du régime algérien: l’entretien d’un climat de tension avec le Maroc et sa destruction. Et tant pis là encore si les Algériens n’ont, à leur tour, qu’une obsession: quitter le navire Algérie avant qu’il ne coule. Dans une tribune publiée dans les colonnes du «Figaro» le 8 janvier 2023, Xavier Driencourt, ancien ambassadeur de France à Alger, ne disait pas autre chose en parlant de ces 45 millions d’Algériens qui «n’ont qu’une obsession: partir et fuir», notamment dans le seul pays où «chaque Algérien a de la famille», la France, pour échapper à un pays ravagé par «le choix désastreux de 1962, la crise économique, la corruption née de la rente pétrolière, le découragement non seulement des élites des grandes villes du Nord, mais aussi du peuple des campagnes et de l’Algérie profonde».

Souvent, on avance que le régime d’Alger a besoin de se créer un ennemi extérieur pour se maintenir en vie. Mais est-ce vraiment le cas quand on voit un président algérien affirmer qu’il n’existe aucune limite, aucun coût rédhibitoire pour le régime d’Alger quand il s’agit de contrer l’intégrité territoriale du Maroc? Cela relève de la haine maladive, d’une pathologie incurable et d’une disposition au suicide rien que pour empêcher l’autre de prendre son élan. Avec le «quoi qu’il en coûte» de Tebboune, les Marocains savent à quoi s’attendre.

Par Tarik Qattab
Le 20/01/2023 à 11h49