A république du néant, des ministres de rien. Quelque 23 ministres et ministres délégués, 13 conseillers à la présidence, dont quatre qualifiés de ministres-conseillers, ont été nommés mardi soir par le chef du Polisario, Brahim Ghali, en plus de cinq «walis»!
Une pléthore de «hauts fonctionnaires» dont les salaires très élevés vont continuer à obérer, entre autres lourdes charges du Polisario, les finances de l’Etat algérien, au moment où le chômage y fait des ravages, et que des allocations de misère (13.000 dinars, soit 980 DH) sont proposées aux jeunes diplômés algériens sans emploi.
D’ailleurs, l’absence d’un ministère des Finances, remplacé par un conseiller de Brahim Ghali chargé des Affaires économiques et financières, en dit long sur cette dépendance totale vis-à-vis de la junte algérienne. La non-attribution, de façon expresse, du portefeuille de la Défense au sein du gouvernement du Polisario est, elle, sujette à moult interprétations.
Dans la nouvelle liste des soi-disant ministres du Polisario, trois noms de l’ancienne vieille garde du mouvement séparatiste ont disparu. Il s’agit d’abord de Mohamed Ould Salek, ministre des Affaires étrangères depuis 1998, qui devient conseiller diplomatique de Brahim Ghali et cède sa place à l’ancien ambassadeur des séparatistes en Europe puis en France, Mohamed Sidati. Le riche homme d’affaires Ould Salek, dont le fils a ouvert nombre de cliniques privées en Amérique latine, est ainsi sacrifié sur l’autel des revers de la diplomatie algérienne dans le dossier du Sahara.
Pour sa part, Omar Mansour, du clan tribal d’Oulad Dlim, a perdu le portefeuille de l’Intérieur et se voit remplacer par l’Algérienne, et Rguibia de Tindouf, Meriem Salek Hmada, qui campe depuis plusieurs années les yeux et les oreilles des services de renseignement algériens au cœur de la direction du Polisario et des camps de Lahmada.
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Omar Mansour aurait pâti de son indiscrétion sur les relations entre Téhéran et le Polisario, quand il a annoncé en octobre dernier que les drones iraniens vont être incessamment livrés par l’Algérie au Polisario afin de servir dans des attaques contre le Maroc.
D’autre part, pour la première fois dans l’histoire des pseudo-gouvernements du Polisario, le nom d’El Bachir Mustapha Sayyed, frère cadet du premier fondateur du Polisario, El Ouali Mustapha Sayyed, ne figure pas à un poste de responsabilité. Brahim Ghali s’est séparé de l’éternel numéro 2 du Polisario, un rival qui s’est aussi montré très critique, ces derniers temps, à l’égard du régime algérien.
En effet, El Bachir a ouvertement accusé l’Algérie d’avoir non seulement conduit le Polisario au suicide diplomatique et militaire, en le poussant dans sa vaine tentative de fermer le passage d’El Guerguerat en octobre-novembre 2020, mais aussi et surtout d’avoir été incapable de lever le petit doigt par la suite quand l’armée marocaine a définitivement chassé les milices du Polisario de toutes les zones tampons du Sahara. C’est suite à ce fiasco, qualifié par El Bachir Mustapha Sayyed de «défaite» cuisante, qu’il a demandé à Brahim Ghali de rendre le tablier.
Il s’est même présenté contre lui, le mois dernier, en tant que candidat au secrétariat général du Polisario, l’obligeant à organiser pour la première fois une opération de vote. D’ailleurs, au moment de voter, sachant que le régime algérien, qui l’a classé depuis longtemps comme un «indiscipliné», ne le laissera pas gagner, El Bachir a ironisé sur la dictature du Polisario en affirmant que c’est la première fois qu’il voit une urne en dehors de la télévision.
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Mais plus surprenant est le maintien au même poste de ministre des «Territoires et de la diaspora» de Mustapha Mohamed Ali Sidi El Bachir.
L’on se rappelle que le 20 décembre 2021 à Paris, face à des Sahraouis résidant en Europe, il a reconnu que lui-même est un ministre de pacotille, tout comme la «RASD n’est pas un Etat», selon ses propos. Car, a-t-il encore dit, «depuis 46 ans, nous dépendons de l’Algérie et sollicitons quotidiennement son aide pour avoir l’eau, le gaz, le gasoil et les armes. Nous ne pouvons rien faire à nous seuls». Ce sont finalement ces «louanges» envers l’Algérie, doublées de son caractère de grand notable de la tribu des Rguibats, qui lui ont permis de sauver sa peau, malgré sa négation de la «RASD».
Concernant la bande de Brahim Ghali, Sidi El Bachir a été également franc face à ses interlocuteurs à Paris. «Pour ne pas vous mentir, ni me mentir à moi-même, sachez que je ne suis pas un ministre, mais un simple réfugié. Soyons donc réalistes, gardons les pieds sur terre, et évitons le mensonge et les illusions, car notre prétendu ministre des Affaires étrangères, Mohamed Ould Salek, est basé à Alger à ne rien faire, alors que le Premier ministre, Bouchraya Beyoune, n’est chef d’aucun gouvernement. Quant à Brahim Ghali, c’est un réfugié, inscrit en tant que tel sous le nom de Ghali Sidi El Mustapha, sans Brahim. Pour le Haut-commissariat aux réfugiés, il n’a pas le statut d’un quelconque chef d’Etat, ni même celui de cadre», avait-il assené.
C’est dire que quand le Polisario forme un gouvernement, cela relève du domaine de la supercherie. A quoi servent en effet des ministères dits de la Modernisation de l’administration, de l’Energie, du Transport… dans les camps de la désolation de Lahmada, où les populations survivent en vase clos grâce aux miettes de la mendicité internationale, tout en étant condamnées par la force, depuis cinq décennies, à servir de façade à l’agenda anti-marocain de la junte algérienne?