Forces armées royales: Abdelilah Benkirane a franchi une ligne rouge

Abdelilah Benkiran, secrétaire général du Parti de la justice et du développement.

Revue de presseDans une sortie publique aussi surprenante qu’indélicate, Abdelilah Benkirane, secrétaire général du PJD et ancien chef du gouvernement, a gravement outrepassé les bornes du débat responsable. Ses déclarations improvisées sur les affaires militaires et diplomatiques, assorties d’anathèmes théologiques, soulèvent une vague de réprobation quant à leur opportunité et leurs fondements. Une revue de presse tirée du quotidien Al Ahdath Al Maghribia.

Le 03/06/2025 à 18h35

Abdelilah Benkirane semble avoir momentanément suspendu sa rigueur politique, pour s’abandonner aux méandres d’un discours empreint d’émotion et de frénésie, au mépris des intérêts stratégiques nationaux.

L’ancien chef de gouvernement et secrétaire général du Parti de la Justice et du Développement (PJD) s’est, en effet, permis des propos offensants à l’endroit des Forces Armées Royales (FAR), institution exigeant respect et déférence, rapporte Al Ahdath Al Maghribia dans son édition du 4 juin.

S’adressant à ses partisans, le samedi 31 mai, Benkirane a tenu des déclarations incompatibles avec la dignité de son ancienne charge.

Dépassant largement ses prérogatives politiques, il a émis une fatwa sur des questions militaires, affirmant que «la participation d’un corps de l’armée israélienne à des manœuvres sur notre territoire est prohibée par la Charia».

Cette sortie visait explicitement l’exercice multinational «African Lion» récemment organisé dans le Royaume.

En quête d’une improbable reconquête de l’avant-scène politique à l’approche des échéances électorales, le tribun s’est improvisé jurisconsulte, usant de références théologiques pour légiférer au gré de ses humeurs.

Pis encore, il a tenté de s’ériger en stratège suprême, enjoignant l’État de rompre «toute coopération avec cet État voyou», allusion transparente à Israël.

Ces écarts verbaux ont suscité de vives réprobations. Ridouane Erramadani, directeur de Med Radio, a dénoncé dans l’émission «VAR» des propos «franchissant toutes les limites du respect dû à la plus haute institution du Royaume».

Il rappela que Benkirane s’était antérieurement drapé indûment dans l’autorité de l’«Imarat Al Mouminine» (la «Commanderie des Croyants»), se posant en «tuteur de la piété des Marocains», une posture irrecevable.

L’animateur releva aussi ses précédents écarts, dont des insultes envers le président français, après sa visite officielle dans le Royaume, et des attaques contre le chef d’État américain, défenseur de la marocanité du Sahara, relaie Al Ahdath Al Maghribia.

L’analyste politique Younes Dafkir y décèle, quant à lui, «l’expression d’une faiblesse et du désespoir d’un homme isolé», recourant à tous les excès pour s’attirer de l’attention.

Une conclusion partagée par Erramadani, qui souligne la vanité des tentatives de Benkirane, visant à justifier ces dérives par un engagement pour la cause palestinienne.

Par Hassan Benadad
Le 03/06/2025 à 18h35