Les efforts répétés des généraux algériens pour contraindre la Mauritanie à rouvrir le poste-frontière de Brika au profit du Polisario se sont heurtés à une fin de non-recevoir. Les autorités mauritaniennes ont réaffirmé le caractère irrévocable de leur décision, soulignant qu’elle s’inscrit dans une volonté d’affermir leur contrôle sur l’ensemble du territoire national. Une posture qui déjoue les calculs d’Alger et aggrave son isolement diplomatique, ainsi que celui du mouvement séparatiste.
«Nouakchott a rejeté toutes les sollicitations algériennes visant à revenir sur cette fermeture, classant désormais la zone de Brika en secteur interdit aux civils», rapporte Al Ahdath Al Maghribia en date du mardi 24 juin. Le porte-parole du gouvernement, El Houssein Ould Meddou, a justifié cette mesure par des impératifs sécuritaires, précisant qu’elle vise à «réguler les flux migratoires et le passage des personnes», tout en niant toute motivation politique. «Cette décision ne cible aucune partie en particulier; elle répond exclusivement à des considérations de souveraineté nationale», a-t-il déclaré.
Pourtant, l’Algérie persiste dans ses démarches. Le 30 mai dernier, une délégation du Polisario a été dépêchée à Nouakchott dans l’espoir de faire fléchir le président mauritanien. En vain. Bien au contraire, les forces armées mauritaniennes ont accru leur présence militaire à la frontière pour prévenir toute incursion.
Plusieurs sources médiatiques attribuent cette fermeture à l’exploitation du poste-frontière par des réseaux criminels affiliés aux séparatistes, qui s’en servaient comme base arrière pour des opérations de contrebande et des tentatives d’infiltration en territoire mauritanien, dans le but d’attaquer le Maroc. D’autres rapports évoquent des incursions répétées de l’armée algérienne, cherchant à traquer les Sahraouis ayant fui les camps de Tindouf.
Le Forum de soutien aux autonomistes de Tindouf (Forsatin) avait déjà révélé, en décembre 2024, que des convois entiers tentaient périodiquement de s’extraire du «cachot de Tindouf», avant d’être pourchassés par les forces algériennes jusqu’en Mauritanie. «Face à ces violations récurrentes, les autorités de Nouakchott ont opté pour une fermeture définitive de Brika, doublée d’un renforcement de la surveillance aux abords de la frontière», précise Al Ahdath Al Maghribia.
Cette décision s’inscrit en cohérence avec la politique de neutralité affichée par la Mauritanie dans le dossier du Sahara marocain. Si le porte-parole gouvernemental évoque une «neutralité active», les faits démontrent un net rapprochement avec le Maroc et un désengagement progressif de l’influence algérienne. Une position claire qui a provoqué l’ire du Polisario, au point que son dirigeant, Ahmed Ould Abid, dit «Petchou», en appelle désormais à des représailles contre la Mauritanie, la qualifiant de «menace existentielle» pour le projet séparatiste.