L’alerte est donnée par le quotidien espagnol La Vanguardia, qui fait siennes des informations émanant des services de renseignement européens.
Ces derniers observent avec une inquiétude croissante la transformation du triangle sahélien en un sanctuaire terroriste.
Dans cette zone en proie à un vide sécuritaire, les groupes affiliés à Al-Qaïda (JNIM) et à l’État islamique (ISWAP) poursuivent leur expansion territoriale, avec une ambition désormais transrégionale, écrit le quotidien.
Cette dynamique représente une menace directe pour la sécurité de l’Espagne et de l’Europe.
Selon des sources antiterroristes citées par La Vanguardia, «la situation peut basculer en quelques semaines ou mois contre les intérêts occidentaux».
L’inquiétude est particulièrement vive concernant une cellule d’une dizaine de miliciens du Polisario radicalisés, nés dans les camps de Tindouf et ayant participé, durant leur enfance, au programme humanitaire espagnol «Vacaciones en paz».
«Ils parlent un espagnol parfait, connaissent notre société, et certains conservent des contacts avec leurs familles d’accueil», a expliqué un agent du renseignement, source anonyme interrogée par le quotidien.
Ces profils, aujourd’hui enrôlés dans ISWAP, seraient capables d’inciter des «loups solitaires» à agir en Europe, s’alarme le quotidien.
Leur parcours révèle une dérive idéologique dans certains segments des populations des camps de Tindouf.
«Les seuls Chrétiens qu’ils ont rencontrés dans leur vie sont les familles espagnoles qui les ont accueillis», avertit un expert en sécurité, interrogé par le quotidien.
Un constat qui entraîne des interrogations à propos de l’endoctrinement latent et le rôle de certains réseaux actifs dans les camps.
Autre danger identifié: la porosité croissante entre les mouvements séparatistes armés, tels que le Polisario et les groupes terroristes actifs dans le Sahel.
Selon des sources sécuritaires relayées par La Vanguardia, «certains éléments sahraouis passés par le Polisario ont été repérés dans des cellules jihadistes opérant au nord du Mali».
Il devient donc essentiel d’envisager avec clairvoyance le rôle de certains acteurs séparatistes dans la recomposition de la menace terroriste au Sahel: «la frontière entre militantisme politique et radicalisation violente peut devenir floue lorsque des jeunes désœuvrés, isolés et vulnérables idéologiquement, deviennent la cible de prédicateurs extrémistes», a affirmé une source du quotidien espagnol.
Les services secrets de l’UE s’inquiètent aussi des liens potentiels de ces profils et des routes migratoires vers les îles Canaries, notamment ceux en provenance des côtes mauritaniennes.
«Aujourd’hui, ces flux sont relativement étanches au terrorisme. Mais s’ils recevaient l’ordre d’être utilisés, ce serait un accès très facile», confie un officier du renseignement.