Entretien. Projet de Code de procédure civile: les avocats réclament l’annulation pure et simple du texte

Lors du sit-in des avocats devant le Parlement le samedi 27 juillet 2024, demandant le rejet du projet de Code de procédure civile adopté par la Chambre des représentants. (Y. Mannan / Le360)

Le 02/08/2024 à 13h06

VidéoLes avocats solidaires ne décolèrent pas. Unanimement, ils réclament depuis quelques jours l’annulation pure et simple du projet controversé de Code de procédure civile qui vient d’être adopté par la Chambre des représentants.

Dans un entretien avec Le360, Omar Mahmoud Bendjelloun, avocat du barreau de Rabat, a appelé ce jeudi 1er août 2024 le ministre de la Justice, Abdellatif Ouahbi, à être au rendez-vous face à la forte contestation des justiciables et des avocats en retirant ce texte inapproprié.

Cet avocat, membre également du barreau de Marseille (France) a assuré que la profession exploitera tous «les recours possibles, y compris un arbitrage royal», pour réviser ce texte. Trois points figurant dans ce projet de Code de procédure civile «ne sont pas négociables», a martelé notre interlocuteur.

«Ce projet est premièrement rejeté dans sa disposition qui instaure un médiateur, celui-ci devant faire office d’un intermédiaire» entre la justice et le justiciable, ce qui va «augmenter la corruption et encourager des jugements iniques».

«Aujourd’hui, selon lui, on est face à une tentative d’annihiler la profession d’avocat dans sa matrice fondamentale qui est la procédure civile». En outre, a ajouté Bendjelloun, on ne peut «pas permettre à une institution qui est indépendante, c’est-à-dire le ministère public (parquet), de pouvoir, sans aucun délai, remettre en question un jugement définitif en le soumettant à une révision». Il est inacceptable, a-t-il précisé, de remettre en question «un jugement considéré comme “autorité de la chose jugée”». C’est une disposition, selon cet avocat, qui pourrait être «complètement dangereuse pour la stabilité judiciaire».

Le 3ème point fortement rejeté par la profession a trait à la mesure qui interdit les recours devant la Cour de cassation «si l’enjeu» financier est moins de 80.000 dirhams. De même, a affirmé l’avocat, le projet de Code de procédure civile empêche le recours devant la Cour d’appel si la valeur du dossier est inférieure à 40.000 dirhams. «Dans certaines régions, 40.000 dirhams représentent pour un justiciable le montant global d’un loyer de cinq ans. Imaginez la frustration que va provoquer cette interdiction chez le citoyen», a encore fait valoir Omar Mahmoud Bendjelloun avant d’appeler le gouvernement à retirer totalement ce texte.

Par Mohamed Chakir Alaoui et Yassine Mannan
Le 02/08/2024 à 13h06