Le ras-le-bol syndical face au «comportement irresponsable du gouvernement et aux diverses manifestations de ses politiques publiques impopulaires» a atteint son paroxysme, a affirmé Miloudi Moukharik, secrétaire général de l’UMT, qui s’exprimait lundi 3 février lors d’une conférence de presse au siège de l’Union à Casablanca pour expliquer cet appel à la grève générale de deux jours: mercredi 5 février et jeudi 6 février 2025.
Cette grève, dont l’appel est lancé par quatre centrales syndicales – l’Union marocaine du travail (UMT), la Confédération démocratique du travail (CDT), l’Organisation démocratique du travail (ODT) et la Fédération des syndicats démocratiques (FSD) – concerne à la fois le secteur public, avec tous ses démembrements, et le secteur privé.
Si les syndicats à l’origine de cet appel à la grève avancent plusieurs raisons, il est évident que le facteur déclencheur de ce passage à l’action est la méthode, jugée inappropriée, adoptée par le gouvernement pour faire passer le projet de loi sur la grève.
Cette méthode repose surtout sur des manœuvres menées par le ministre de l’Emploi, Younes Sekkouri, visant à donner l’impression que les syndicats approuvent ce projet, selon Miloudi Moukharik. Elle repose également, ajoute-t-il, sur l’avantage numérique dont dispose la majorité gouvernementale aux deux chambres du Parlement, lui permettant de faire passer aisément ce projet et de l’imposer, au mépris de la Constitution du pays, qui garantit ce droit universel et humain, ainsi que des normes internationales.
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Or, insiste-t-il, ce texte, vu son importance, devait être discuté dans le cadre du dialogue social, et son adoption devait reposer sur une entente entre les partenaires sociaux, plutôt que sur une méthode qu’il qualifie de «petits calculs». D’autant plus que, souligne-t-il, les différentes versions du texte proposées par le ministre sont, selon lui, truffées de dispositions négatives pour les salariés: peines d’emprisonnement, sanctions…
D’autres griefs à l’encontre du gouvernement
De ce fait, a-t-il indiqué, le groupe de l’UMT à la Chambre des conseillers a boycotté la séance plénière de ce lundi, durant laquelle ce projet devait être soumis au vote définitif.
En plus de cette divergence sur le projet de loi sur la grève, Miloudi Moukharik a également formulé plusieurs griefs à l’encontre du gouvernement. Il dénonce notamment son attitude passive, voire complice, face à l’affaiblissement du pouvoir d’achat des citoyens, le gel du dialogue social en violation flagrante des engagements signés entre le chef du gouvernement, ainsi que la méthode adoptée pour mener la «réforme» de la retraite, qui vise à imposer une conception au détriment des salariés.