Depuis plusieurs mois, les affaires judiciaires impliquant des députés se sont multipliées. Certains ont été condamnés. Mais cela ne doit pas suffire à stigmatiser toute une profession et nuire au travail de l’institution législative. C’est en tout cas ce que tentent de défendre aujourd’hui certains parlementaires.
Dans son édition du vendredi 12 janvier, Assabah rapporte que lors de la dernière réunion de la Commission du contrôle des finances publiques au sein de la première chambre, des députés ont déclaré refuser toute forme de stigmatisation. Ceci intervient alors que 17 députés, appartenant à différentes formations politiques, ont récemment été poursuivis pour des affaires de corruption ou de dilapidation de deniers publics.
Le sujet s’est imposé lors des discussions en commission du dernier rapport de l’Instance nationale de la probité, de la prévention et de la lutte contre la corruption. Des députés ont profité de l’occasion pour rappeler qu’ils ne sont pas tous «des voleurs». Ils ont également insisté sur le fait que les députés eux-mêmes contribuent à la lutte contre la corruption. Bien qu’ils reconnaissent que la justice a reconnu coupables certains des parlementaires poursuivis, tous ne doivent être logés à la même enseigne.
Toujours d’après Assabah, lors de la discussion du même rapport, certains députés ont dénoncé l’acharnement contre les politiques. A ce propos, Said Baaziz, de l’USFP, a fortement critiqué la Cour des comptes qui, selon lui, s’est spécialisée dans le ciblage des députés. Dans la même lignée, le député USFPiste a critiqué l’approche adoptée par des institutions nationales pour mesurer la corruption dans le pays, en se basant sur des sondages qui ne répondent pas forcément aux critères sociologiques et scientifiques acceptables.
La même source, ajoute le quotidien, a appelé l’instance nationale de la probité, de la prévention et de la lutte contre la corruptionà s’intéresser aux projets de loi pour mesurer, de manière scientifique, l’implication de parlementaires dans des affaires de corruption, en y intégrant des mesures qui servent leurs propres intérêts.
De son côté, souligne Assabah, Ahmed Touizi, du PAM, a conforté les propos de son confrère de l’USFP, en critiquant à son tour la stigmatisation du travail parlementaire qui nuit à la crédibilité même de l’institution législative. Il a aussi indiqué que les jugements prononcés contre les parlementaires touchent à l’image de l’ensemble des députés, et il en veut pour preuve que les Marocains dans la rue considèrent les parlementaires comme «des voleurs».
Pourtant, rappelle-t-il, les parlementaires ne sont pas ordonnateurs et ne peuvent donc pas piocher dans les caisses. Selon le député du PAM, malgré les affaires qui ont défrayé la chronique, la majorité des parlementaires et des politiques sont fortement engagés dans la lutte contre la corruption.
Comme le précise Assabah, le rapport de l’Instance nationale de la probité, de la prévention et de la lutte contre la corruption qui a été discuté en commission a révélé que le royaume a perdu 5 points dans le classement de la lutte contre ce phénomène, et que cela coûterait au pays jusqu’à 5% de son PIB, soit plus de 50 milliards de dirhams.