Conflit d’intérêts autour de la station de dessalement de Casablanca: Abdelilah Benkirane veut la tête d’Akhannouch

Abdelilah Benkirane, secrétaire général du PJD, le 19 décembre 2024. (Y.Mannan/Le360)

Le 19/12/2024 à 16h23

VidéoLe Parti justice et développement (PJD) a réclamé, ce jeudi 19 décembre, la démission du chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, pour «conflit d’intérêts», après l’attribution à l’une de ses sociétés de la réalisation de la station de dessalement d’eau de mer de Casablanca. Devant le Parlement, Akhannouch s’en était défendu.

Lancé le 17 novembre 2024, l’appel d’offres pour la réalisation de la station de dessalement d’eau de mer de Casablanca a été remporté par un consortium composé d’Afriquia Gaz, Acciona et Green of Africa. Ce projet, initié par l’ONEE, a pour objectif de concevoir, financer, réaliser et exploiter l’infrastructure pendant une durée de 30 ans, dont trois années pour la construction et 27 pour l’exploitation.

Lors d’une conférence de presse, Abdelilah Benkirane, Driss Yazami et Abdellah Bouanou ont accusé le chef de l’exécutif de «conflit d’intérêts» en s’appuyant sur plusieurs arguments. Les trois intervenants ont souligné qu’Aziz Akhannouch, en tant que dirigeant de l’une des trois sociétés adjudicataires, «préside lui-même la commission nationale des investissements». Ils ont également fait référence à «des textes réglementaires qui préviennent contre les conflits d’intérêts», notamment le cahier des charges de la commission technique des investissements.

L’autre argument soulevé par le PJD a porté sur ce que ses dirigeants ont appelée «l’aide étatique de 30%», dont aurait bénéficié ce projet de station de dessalement de Casablanca, bien que le chef de gouvernement ait assuré lors de son dernier passage devant le Parlement que ce projet n’a bénéficié d’aucun soutien financier de l’État.

«Nous ne sommes par contre les hommes d’affaires», a dit Driss Yazami, «mais nous sommes pour un climat d’affaires transparent». «Par conséquent, nous réclamons que le chef du gouvernement démissionne puis publie un communiqué qui confirme officiellement que ledit projet ne bénéficiera pas d’un soutien financier», a martelé l’ancien ministre délégué chargé du budget dont les propos ont été relayés par Abdelilah Benkirane. «Nous n’allons jamais nous taire sur ces comportements», a affirmé le dirigeant islamiste.

Il faut rappeler que devant le Parlement, Aziz Akhannouch a assuré que la réalisation de ce projet de station de dessalement d’eau de mer de Casablanca ne recevra «aucune aide financière de l’État» et que «c’est la meilleure offre qui a remporté le projet», avait-il affirmé. La station aura une capacité de production de 548.000 m³ par jour (soit 200 millions de m³ par an), extensible à 822.000 m³ par jour (300 millions de m³).

Par Mohamed Chakir Alaoui et Yassine Mannan
Le 19/12/2024 à 16h23