Alors que le mouvement de contestation pacifique initié par le collectif GenZ212 atteint sa huitième journée, les partis politiques, qu’ils soient au gouvernement ou dans l’opposition, multiplient les initiatives pour comprendre et canaliser les revendications de cette jeunesse hyperconnectée.
Dans son édition de ce lundi 6 octobre, le quotidien Al Akhbar indique que les sièges des partis et leurs structures associées, incluant les sections jeunes, féminines et le tissu associatif, ont été le théâtre de réunions intensives, visant à analyser les dynamiques de ce mouvement et à élaborer des stratégies d’approche, afin de prévenir toute escalade vers la violence.
Certaines formations politiques cherchent à dépasser les simples échanges sur les réseaux sociaux. Elles s’engagent dans des discussions sur des plateformes comme Discord, désormais un espace virtuel majeur rassemblant jusqu’à 12.000 participants simultanément, afin de mieux appréhender le langage et les outils du nouveau public jeune tout en tentant d’influer sur le débat.
Ces démarches visent notamment à créer de nouveaux canaux de dialogue et à contenir le mécontentement. Des rencontres ont ainsi été organisées par des partis comme le Rassemblement national des indépendants (RNI), le Parti authenticité et modernité (PAM) et le Parti de l’Istiqlal.
Dans le cadre de cette dynamique, l’Académie Istiqlalienne de la Jeunesse a lancé l’initiative «Équipe Génération Z», consistant en une série de consultations nationales et régionales impliquant plus de 200 jeunes, autour de quatre thèmes prioritaires: santé, éducation, formation et emploi, ainsi que la responsabilisation et la reddition des comptes, a-t-on pu lire.
Ces consultations se déroulent à la fois en présentiel et en virtuel via Discord, complétées par le programme «Microphone Ouvert» qui offre aux jeunes un espace d’expression libre et par des ateliers de brainstorming soutenus par la Ligue des Ingénieurs Istiqlaliens, relatent Al Akhbar et Assabah dans leur édition de ce même lundi.
Le secrétaire général du Parti de l’Istiqlal, Nizar Baraka, a supervisé récemment la présentation des résultats préliminaires de la consultation nationale «Charte de la Jeunesse», qui a révélé un sentiment général de frustration et de marginalisation, mais aussi un optimisme relatif lié à l’amélioration de la justice sociale et des conditions de vie.
Nizar Baraka a insisté sur la nécessité d’un dialogue direct avec la Génération Z, en proposant la création d’une académie numérique nationale pour la formation des jeunes et un projet de loi pour encourager le volontariat, indique Al Akhbar. Cependant, les jeunes du mouvement restent fermement opposés à toute instrumentalisation politique, comme l’ont souligné des participants lors d’un podcast organisé par le mouvement, refusant les aides logistiques ou le parrainage de partis, y compris le Parti du progrès et du socialisme, a-t-on encore pu lire.
Cela n’a pas empêché le PAM et le RNI d’organiser des rencontres ouvertes avec les jeunes, mettant en avant les réalisations gouvernementales dans les secteurs de la santé, de l’éducation et de l’emploi, et affirmant que l’engagement des jeunes dans la vie politique est la meilleure manière de transformer les revendications sociales en politiques concrètes.
Cependant, cette compétition pour séduire les jeunes semble davantage motivée par des calculs électoraux que par une véritable réponse aux attentes de cette génération, soulignant le fossé persistant entre les pratiques politiques traditionnelles et les aspirations des jeunes, a souligné Assabah.
Ce double mouvement, d’une part la tentative des partis d’établir un dialogue et d’autre part la volonté des jeunes de rester autonomes, redessine profondément les relations entre jeunesse et politique au Maroc, posant les bases d’une nouvelle configuration où la participation active et l’expression libre deviennent des éléments centraux du débat public.








