Il est parfois des indécences qui, en plus de leur caractère grotesque, n’obéissent à aucune forme de logique. Les caporaux d’Alger, maîtres en la matière, viennent à nouveau d’en apporter l’illustration. Il n’a échappé à personne que l’avion ayant transporté le chef du Polisario, Brahim Ghali, et sa délégation à Tunis, dans le cadre d'une véritable comédie orchestrée par la présidence tunisienne, était estampillé «République algérienne démocratique et populaire». Mais que dire quand on sait désormais qu’il s’agit de l’avion présidentiel du chef d’Etat algérien, soit Abdelmadjid Tebboune?
L’appareil présidentiel a ainsi été généreusement affrété par la junte aux fins de rajouter à la théâtralisation de l’arrivée triomphale et de l’accueil on ne peut plus chaleureux accordé par le président tunisien Kaïs Saïed au chef des séparatistes. Naturellement, les frais du voyage et tout ce qui va avec ont été honorés… par le contribuable algérien. C’est désormais une habitude, un état de fait. Et cela fait longtemps que les déplacements de Benbattouch & Co se font en avion présidentiel. En plein Hirak, c’est à bord du luxueux Gulfstream de l’ancien président algérien Abdelaziz Bouteflika que la junte a acheminé en mars 2019 le même Brahim Ghali vers Pretoria, en Afrique du Sud, où il a participé à une conférence hostile à l’intégrité territoriale du Maroc.
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Quand ce ne sont pas Ghali et ses copains, ce sont d’autres qui profitent de cette générosité, mais toujours aux mêmes fins: casser du Maroc. C’est ainsi qu’en novembre 2021, le régime algérien a mis à disposition de la cheffe de la diplomatie sud-africaine, Naledi Pandor, un avion présidentiel pour se rendre à Tindouf. Ajoutons à cela que si le régime des caporaux héberge, arme et finance les séparatistes, c’est aussi en vidant les caisses de l’Etat et en piochant dans les poches des Algériens.
L’indécence, le grotesque et l’absence de logique se produisent quand c’est le même généreux régime qui se trouve, bon gré mal gré, dans l’incapacité d’acheter des avions bombardiers d’eau pour venir au secours de sa propre population. Les derniers feux de forêt en Algérie (officiellement 43 morts et quelque 14.000 hectares partis en fumée) en apportent la preuve. Mieux, chez ces gens-là, on est prêt à annuler, et c’était le cas en juin dernier, un contrat avec la société espagnole Plysa, filiale spécialisée de la compagnie aérienne Air Nostrum, pour la fourniture de sept avions bombardiers d'eau. Par simple haine du Maroc et volonté de vengeance d’une Espagne désormais alignée sur le plan d’autonomie. A l’évidence, le perdant n’est autre que le peuple algérien. Bien des vies auraient pu être sauvées, mais on préfère regarder «de ce côté».
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Le régime algérien aurait également pu penser à combler le manque inadmissible de denrées alimentaires et de produits de base (comme le lait) dans les étalages algériens, mais il préfère sponsoriser le train de vie dispendieux des dirigeants d’un front en fin de vie. Le site d’information Algérie Part, qui cite une source militaire, indique qu’au total, «la RASD coûte à l’Etat algérien, bon an mal an, un milliard de dollars». Une bonne moitié de ce budget va à l’armement et aux 10.000 éléments armés du front séparatiste. Le reste va à la «diplomatie», entendez les voyages tous frais payés et les résidences de luxe des «ambassadeurs» de l’entité fantoche. Pour survivre, la population séquestrée dépend, elle, de l’aide internationale, d’ailleurs de plus en plus rare.
Les Algériens sont privés de tout et doivent subir en silence. Au point que certains des piliers du régime en place crient littéralement famine. Chef du parti d’obédience islamiste dit «El Bina El Watani», député à l’Assemblée populaire nationale et un des porte-voix du régime sur les questions liées à la religion, Abdelkader Bengrina, a créé un véritable tollé en Algérie en déclarant publiquement que les «Algériens meurent de faim», mettant dans l’embarras les promoteurs de «la nouvelle Algérie».