Trente-sept personnes tuées selon le dernier bilan, établi ce jeudi 18 août, des centaines de blessés, près de 14.000 hectares de taillis incendiés dans 35 grands foyers de feu, 14 wilayas (départements) concernées, des images impressionnantes d’Algériens fuyant leur maison pour échapper aux flammes, notamment à Souk Ahras, près de la frontière tunisienne, des feux qui ravagent jusqu’à des villes et villages, des clichés d’un bus calciné avec 8 morts à El Taref, la zone la plus touchée (16 foyers de feu et au moins 52 morts, dont 13 enfants), une gestion chaotique, les autorités n’ayant même pas bloqué les routes en bordure des forêts qui ont pris feu. Le tout, avec des évacuations de populations très timides...
C’est là le bilan, provisoire, encore très largement sous-estimé et concernant la seule journée de mercredi 17 août 2022, des feux de forêt qui ravagent toute la côte méditerranéenne algérienne, d’est en ouest. Les Algériens, que tout rapproche de leur frères marocains, souffrent le martyre. En face, leurs autorités se contentent du minimum syndical, mettant tout sur le dos de la Protection civile, démunie, et mobilisant quelques hélicoptères bombardiers et de l’armée. Davantage pour le cliché que pour éteindre les feux.
Présenté comme la solution miracle et la «star de l’été», l’avion bombardier d'eau russe Beriev BE 200 est tombé en panne. Emprunté auprès de Moscou pour trois mois, il ne sera à nouveau opérationnel qu'à partir de samedi, selon le ministre algérien de l’Intérieur, Kamel Beldjoud. Un discours lamentable et criminel, alors qu'en matière de communication de crise, nettement mieux peut être fait. Mais d’ici samedi, les Algériens sont au bûcher.
Quand bien même le Beriev BE 200 serait opérationnel, il ne pourra pas être partout. D’autant qu’il s’agit d’un appareil multi-task avec un volume de largage d’eau nettement inférieur à celui d'un Canadair. Et à l’heure actuelle, aucun Canadair n’est en circulation dans le ciel algérien.
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Le régime algérien aurait pu tirer les leçons des incendies ravageurs de l’été 2021, mais non, c'était trop lui demander. Mieux, selon le site algérien Mena Defense, à la suite de leur brouille avec l'Espagne, les autorités algériennes ont, pas plus tard que juin dernier, annulé un contrat avec la société espagnole Plysa, filiale spécialisée de la compagnie aérienne Air Nostrum, pour la fourniture de sept avions bombardiers d'eau. Leur objectif: punir Madrid après son changement définitif de posture à l’égard de la question du Sahara et son soutien au plan marocain d’autonomie. A l’évidence, le perdant n’est autre que le peuple algérien, qui ne peut compter que sur lui-même pour éteindre un tant soit peu les incendies. De plus, aucun plan B n'a été prévu pour remplacer l'ensemble de ces avions espagnols.
«Début juin dernier, nous écrivions ici-même que la Protection civile allait faire appel à la société espagnole pour les besoins de couverture de la saison des incendies de forêt avec l’envoi, début juillet, de sept Thrush 710P. Pour rappel Plysa avait répondu à l’appel des autorités algériennes l’année passée en envoyant en 24 heures des appareils lors du pic du mois d’août 2021», alerte ce site, proche des généraux, mais lucide. La junte a préféré regarder ailleurs. La mise en garde prend néanmoins tout son sens aujourd'hui au regard de la catastrophe en cours, sans lutte aérienne suffisante, comme le montrent de multiples vidéos. Sur ce dossier encore, le régime prend une décision épidermique contraire aux intérêts du peuple algérien, sans en calculer les conséquences, ni chercher des alternatives. Une attitude qui est malheureusement emblématique de la gouvernance façon régime algérien. Il faut tout de même admettre que le duo Tebboune-Chengriha détient la palme d’or en matière d’impéritie et d’initiatives hostiles aux intérêts du peuple algérien.
Visiblement impuissant, décidément incompétent et systématiquement aux abonnés absents quand il s’agit de gérer des crises internes, le régime agit comme si de rien n’était. De loin, et depuis son lieu de vacances, le président Abdelmadjid Tebboune se contente d’envoyer des lettres de condoléances aux familles des victimes. Le système qui le protège cherche, lui, non pas des solutions, mais des coupables. Pour l’heure, on en veut au réchauffement climatique et à des dérangés mentaux qui auraient provoqué certains incendies.
Certains sont bien tentés d’activer la main de l’étranger, mais cette année, ce sera très compliqué pour le régime algérien d’accuser son «ennemi» marocain d’être derrière les feux, comme ce fut le cas l’été dernier, quand 90 personnes avaient péri et 100.000 hectares de taillis étaient partis en fumée dans des feux de forêt qui avaient notamment ravagé la Kabylie. La ficelle est trop grosse et le régime ne peut se disculper en jetant de nouveau l'anathème sur le Royaume. Même si tout, absolument tout, est possible de la part d'une junte criminelle qui voue le peuple algérien aux gémonies.
Ce qui aggrave l'impéritie structurelle du régime algérien, c'est qu’il n’a strictement rien fait pour que le drame de l’été dernier ne se reproduise pas. Il a emprunté un SEUL avion russe et a annulé un contrat qui aurait pu être salutaire et sauver des vies. Cela s'appelle l'aveuglement criminel, du je-m’en-foutisme pur et simple par rapport au sort réservé au peuple, avec des morts à la sortie. Si cela ne mérite pas la Cour pénale internationale au duo Tebboune-Chengriha et à ceux qui agissent dans les coulisses, pour crimes contre le peuple algérien, difficile de voir ce qui pourrait l’être.
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La main tendue par le Maroc et qui aurait pu aider en pareilles circonstances, la junte n’en a que faire. Rappelons que l’été dernier, le roi Mohammed VI avait proposé l’envoi de deux Canadair marocains en Kabylie. Pas de répondant. On retiendra que contrairement à l’attentisme du pouvoir algérien, pourtant à son meilleur niveau financièrement à la faveur de la hausse des prix du pétrole et du gaz dont dispose le pays, le Maroc a agi. Le Roi a aussi donné ses instructions l'année dernière pour augmenter la flotte de bombardiers d'eau marocains de type CL415. Les vols d’essais du dernier des trois appareils ainsi commandés par le Royaume en 2021 ont débuté en juin dernier, portant le nombre de Canadairs dont dispose le Maroc à sept. C’est là toute la différence entre une junte haineuse, embourbée dans des considérations personnelles, et un leadership éclairé au service des citoyens.
S’agissant de l’Algérie, cette année comme celle d’avant, il faudra sans doute en appeler à l’aide de la France. L’été 2021, le président Emmanuel Macron avait décidé d'envoyer des Canadair pour éteindre les feux en Kabylie.
Le régime algérien, qui se gargarise de son opposition à l’ancienne puissance coloniale sur nombre de dossiers, n’y a rien trouvé à dire. Et tout porte à croire que Macron, dont une visite à Alger est programmée le 25 août prochain, viendra escorté de Canadairs. Même si la situation en France, qui subit également des méga-feux de forêt, est critique cette année, et qu'elle a dû elle-même recourir à l'aide de bombardiers de plusieurs pays européens.