On croyait pouvoir espérer un petit répit en cette période estivale, mais non. La géopolitique, n’en a rien à cirer de vos projets de vacances. Elle a son propre agenda et entend bien vous l’imposer.
Entre la polémique autour de la cérémonie wokiste des JO de Paris, l’assassinat d’Ismaïl Haniyeh en Iran, les troubles à Caracas au Venezuela et la reconnaissance française de la souveraineté du Maroc sur son Sahara, on a de quoi nous occuper. C’est l’offre all inclusive à laquelle on a eu droit, le bracelet en plastique en moins.
Mais de tous ces événements, celui qui est pour nous le plus réjouissant et prioritaire, c’est bien entendu le changement radical de la position de la France concernant notre intégrité territoriale. L’événement diplomatique était attendu depuis un bon moment, et il ne manquait plus qu’une dose de réalisme et de responsabilité historique pour que Paris se décide à emboîter le pas à Washington et faire preuve de maturité diplomatique. Cela étant fait, comment désormais ne pas parler de la réaction des voisins de l’Est? Une réaction face à laquelle on ressent en même temps de la pitié pour le peuple algérien, obligé de se coltiner ces bras cassés à la tête du pays, mais aussi de la frustration, en raison de l’énorme potentiel régional pris en otage par la haine vindicative d’une caste d’oligarques en uniforme à notre égard.
Sur ce registre, ce n’est pas une première dans l’histoire que de voir des pays prendre des décisions politiques, économiques ou diplomatiques allant contre leurs propres intérêts. En témoigne l’alignement quasi total de l’Europe sur la politique extérieure américaine concernant la Russie, qui fait qu’en appliquant des sanctions contre Moscou, les Européens se sanctionnent eux-mêmes.
Mais la caste d’Alger a décidé d’innover, en développant un nouveau concept que je me permettrai de qualifier de «masochisme géopolitique».
Car en l’espace de 5 ans, soit entre 2019 et 2024, Alger a réussi la prouesse de se mettre à dos quasiment tous ses voisins, dont certains étaient factuellement des alliés partageant une certaine hostilité envers le Maroc.
En août 2021, Alger a décidé de rompre les relations diplomatiques avec le Maroc, tuant dans l’oeuf toute possibilité de dialogue ou de rapprochement.
En juin 2022, ce sera au tour de l’Espagne, puisqu’Alger avait suspendu le traité d’amitié qui la liait à Madrid depuis 2002. Et dans la foulée, Alger a également suspendu toutes les opérations bancaires entre les deux pays, sans parler des menaces énergétiques, qu’Alger ne cesse de brandir contre Madrid.
En décembre 2023, l’Algérie a réussi à se mettre à dos le Mali, à travers une crise diplomatique profonde qui ne risque pas de se terminer de sitôt. Bamako accuse Alger de soutenir les séparatistes touaregs et les opposants peuls. Certains accusent même l’Algérie de voler du pétrole qui appartiendrait au Mali.
Enfin, il y a quelques jours, c’est la France qui, en raison de sa nouvelle position diplomatique, se retrouve dans la ligne de mire d’Alger.
Les réactions ont été très vives au Palais d’El Mouradia. Elles furent du genre : «Retenez-moi ou je fais un malheur». Certains parlent même de sanctions économiques qu’Alger envisage d’appliquer à la France. Non, non, je suis sérieux.
Les généraux algériens vont-ils sanctionner leurs propres avoirs et comptes bancaires en France? Ou bien, vont-ils peut-être punir la France en la privant de ces «chances pour la France» que représentent les milliers d’immigrés clandestins qui tentent de franchir quotidiennement la Méditerranée?
À un tel niveau, cela devient pathologique. On appelle ça du masochisme.
C’est aussi de déni que pâtit l’État algérien. Mais d’un déni érigé au niveau géopolitique.
Dans le domaine de la psychanalyse, Sigmund Freud écrivait que le déni de la réalité est un mécanisme qui consiste à refuser inconsciemment de percevoir une réalité insupportable. Dans son célèbre essai intitulé «Le fétichisme», il en fait même un point de départ de la psychose et de la perversion de la psyché.
Cependant, cette réalité qu’Alger refuse de voir, celle des réussites diplomatiques du Maroc, n’est insupportable pour les généraux algériens qu’en raison de leurs propres échecs en interne. Un remède existe bel et bien, et il se trouve entre les mains des Algériens eux-mêmes…