Chiffres des subventions aux viandes rouges: le gouvernement transforme la confusion en chaos

Ahmed El Bouari, ministre de l'Agriculture.

Revue de presseLa tentative du ministère de l’Agriculture de clarifier la polémique entourant les subventions à l’importation de viandes rouges pour l’Aïd al-Adha a renforcé les doutes et laissé la controverse prendre de l’ampleur. Cet article est une revue de presse tirée du quotidien Al Ahdath Al Maghribia.

Le 03/04/2025 à 20h49

Le quotidien Al Ahdath Al Maghribia rapporte dans son édition du vendredi 4 avril que la publication d’un communiqué par le ministère de l’Agriculture, censée clore la polémique concernant les 13 milliards de dirhams de subventions aux importations de viandes rouges, a en réalité exacerbé la situation. Le journal constate que les chiffres et les données communiqués par le ministère contredisent les informations fournies par d’autres membres du gouvernement.

Première réaction, le groupe parlementaire du Mouvement populaire à la Chambre des représentants a demandé la tenue d’une réunion de la Commission des finances et du développement économique en présence du ministre délégué chargé du Budget, ainsi que de la Commission des secteurs productifs en présence du ministre de l’Agriculture, lit-on.

Face à la polémique, le ministère de l’Agriculture a présenté des chiffres différents de ceux précédemment communiqués par le ministre de l’Équipement, Nizar Baraka, et le président de la Chambre des représentants, Rachid Talbi Alami, renforçant la confusion.

Dans son communiqué, le ministère de l’Agriculture s’est concentré sur le coût du soutien gouvernemental à l’importation de moutons pour l’Aïd al-Adha, indiquant un montant total de 437 millions de dirhams (193 millions en 2023 et 244 millions en 2024). Il a également précisé que près de 875.000 moutons ont été importés (386.000 en 2023 et 489.000 en 2024) par 156 importateurs (61 en 2023 et 95 en 2024). Le ministère a rappelé que l’importation de bétail reste facilitée par la suspension des droits de douane et de la TVA.

Le ministère n’a pas répondu à une question qui interpelle: l’identité des bénéficiaires. «Aucun des responsables gouvernementaux n’a apporté de réponse à ce sujet», écrit Al Ahdath Al Maghribia. Plutôt que de révéler les noms des bénéficiaires, le ministère a insisté sur «l’impact positif» de ces mesures, soulignant qu’elles ont contribué «à préserver le cheptel national, à assurer l’approvisionnement des marchés en viande rouge et à maintenir la stabilité des prix». Ce qui est faux. Les prix n’ont commencé à baisser qu’après l’annonce par le roi Mohammed VI de la suspension du sacrifice de l’Aïd al-Adha pour cette année.

D’après le ministère, la suspension des droits de douane et de la TVA n’a pas affecté les finances publiques, car ces taxes étaient destinées à protéger le cheptel national plutôt qu’à générer des revenus pour l’État. Cette affirmation contraste fortement avec la réalité, où le manque à gagner pour le budget de l’État est précisément le plus important.

Contrairement aux affirmations du ministère de l’Agriculture, le ministère de l’Économie et des Finances avait confirmé que le budget alloué au soutien s’élevait bien à 13 milliards de dirhams, un chiffre également avancé par Nizar Baraka, ministre de l’Équipement et de l’Eau (Istiqlal), et Ryad Mezzour, ministre de l’Industrie et du Commerce.

«Avec ces nouveaux chiffres publiés par le ministère de l’Agriculture, l’ambiguïté autour de ce dossier persiste, renforçant la confusion et les divergences au sein du gouvernement», conclut Al Ahdath Al Maghribia.

Par Walid Ayadi
Le 03/04/2025 à 20h49