Nouvelle tentative jeudi au Liban pour élire un président

Le Premier ministre intérimaire libanais Najib Mikati (2e à gauche) et le commandant de l'armée libanaise, le général Joseph Aoun (2e à droite), visitent le village de Khiam, dans le sud du Liban, le 23 décembre 2024. AFP or licensors

Le Parlement libanais doit se réunir jeudi pour élire un président de la République dans un pays privé de chef d’Etat depuis plus de deux ans, en proie à une grave crise économique.

Le 08/01/2025 à 08h06

Des analystes doutent cependant que les députés parviennent à s’entendre sur un candidat même si le puissant mouvement chiite Hezbollah, accusé par ses détracteurs d’avoir bloqué l’élection d’un président lors de la dizaine de tentatives précédentes, vient de sortir affaibli d’une guerre avec Israël.

Israël a infligé un sérieux revers au Hezbollah pro-iranien lors d’un conflit de deux mois, tuant notamment son chef Hassan Nasrallah, auquel une trêve a mis fin le 27 novembre.

De plus, le groupe, qui avait un poids prépondérant dans la vie politique du Liban, a perdu un allié clé en Syrie en la personne de Bachar al-Assad, renversé le 8 décembre par une coalition de rebelles islamistes radicaux.

En vertu du système confessionnel de partage du pouvoir, la présidence du Liban est réservée à un chrétien maronite alors que le Premier ministre est un musulman sunnite et le président du Parlement un musulman chiite.

Dans un pays secoué par une guerre civile de 1975 à 1990, la classe dirigeante arrivait habituellement à se mettre d’accord sur un nom, mais elle a échoué à parvenir à un consensus depuis la fin du mandat du dernier président, Michel Aoun, en octobre 2022.

Plusieurs pays étrangers comme les Etats-Unis, l’Arabie saoudite ou la France font depuis pression pour qu’un président soit enfin choisi.

L’envoyé spécial américain Amos Hochstein a exhorté lundi la classe dirigeante à parvenir à un «consensus politique» pour notamment reconstruire l’économie du pays.

«Le candidat préféré est le commandant en chef de l’armée libanaise, Joseph Aoun, qui semble être soutenu par les Etats-Unis et, dans une moindre mesure, par la France et l’Arabie saoudite», estime l’analyste libanais Karim Bitar.

«Obstacles»

Mais «il y a encore une certaine réticence à l’élire parmi certains partis politiques des deux camps», a-t-il ajouté.

Selon M. Bitar, «c’est souvent à la dernière minute que les grandes puissances régionales et internationales indiquent leur préférence (pour un candidat) et exercent des pressions sur les députés qui suivent simplement» la ligne.

«Le Hezbollah n’est plus capable aujourd’hui d’imposer quelqu’un vraiment proche de son camp après la chute du régime syrien et après son affaiblissement durant la guerre,» indique-t-il.

Mais «il peut toujours s’opposer à quelqu’un dont il se méfie vraiment».

Le Hezbollah et ses alliés soutenaient jusqu’à présent l’ex-ministre Sleimane Frangieh, un ami de Bachar al-Assad.

Pour David Wood, analyste pour le groupe de réflexion International Crisis Group, le Hezbollah et son allié, le mouvement Amal, dirigé par le président du Parlement, Nabih Berri, «envisagent d’autres options en coulisses».

Parmi les autres noms qui circulent figurent ceux des dirigeants des deux principaux partis chrétiens, le gendre de Michel Aoun, Gebran Bassil, et le fervent opposant au Hezbollah, Samir Geagea.

L’ancien ministre des Finances et fonctionnaire du Fonds monétaire international (FMI) Jihad Azour, le chef de la sécurité par intérim Elias Baissari et deux députés - Nehmat Afram et Ibrahim Kanaan - pourraient aussi être des candidats potentiels.

Selon M. Wood, Joseph Aoun, doit encore «surmonter de sérieux obstacles» pour être élu, notamment le manque de soutien des principaux partis chrétiens.

M. Aoun aurait besoin d’une majorité des deux tiers — au moins 86 des 128 députés — pour être élu président.

Si lui ou tout autre candidat échoue à obtenir un tel score, le Parlement doit tenir un second tour, où une majorité simple de 65 voix suffit pour l’emporter.

La Constitution stipule que les candidats à la présidence ne doivent pas avoir occupé de hautes fonctions publiques au cours des deux dernières années, ce qui disqualifierait techniquement M. Aoun.

Par Le360 (avec AFP)
Le 08/01/2025 à 08h06

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