Moudawana: Ouahbi en désaccord avec les Oulémas sur la filiation par ADN

Abdellatif Ouahbi, ministre de la Justice

Revue de presseIntervenant lundi 17 février lors d’une rencontre sur la Moudawana à l’Université Internationale de Rabat, le ministre de la Justice, Abdellatif Ouahbi, a reconnu être en désaccord avec les Oulémas sur plusieurs points de la réforme. Il a toutefois indiqué qu’il poursuivra les discussions avec les parties concernées pour continuer à défendre les droits des femmes. Une revue de presse tirée d’Assabah.

Le 18/02/2025 à 21h03

Le ministre de la Justice, Abdellatif Ouahbi, a reconnu être en désaccord avec les Oulémas qui s’opposent à l’utilisation de l’ADN pour établir la filiation des enfants nés hors du cadre du mariage. Lors d’une intervention, le lundi 17 février, dans le cadre d’une rencontre sur la révision de la Moudawana à l’Université Internationale de Rabat, Ouahbi a expliqué avoir tenté de les convaincre que l’ADN constituait un moyen fiable et efficace pour protéger les droits de l’enfant, quelle que soit la situation dans laquelle une grossesse a pu survenir.

Il a souligné que la recherche scientifique permet de prouver la filiation dans toutes les circonstances, évoquant notamment les cas de jeunes filles ou de femmes victimes de viol ou tombées enceintes durant la période des fiançailles. Cette période, a-t-il précisé, «sera encadrée dans le nouveau code de la famille par la signature d’un contrat de fiançailles, afin que le fiancé ne puisse se soustraire à ses responsabilités», rapporte Assabah du mercredi 19 février.

Le ministre a ensuite développé son argumentation en affirmant que «l’analyse génétique qui conduit à la condamnation à mort des criminels coupables de meurtres est la même qui donne une chance de vie aux enfants reniés par leur père». Il a également appelé les étudiants de l’Université Internationale à s’assurer de la véracité des informations diffusées sur les réseaux sociaux et à ne pas se laisser abuser par des contenus erronés ou trompeurs.

Ouahbi a insisté sur le fait que le débat public actuel autour de la révision du code de la famille vise avant tout à rétablir la justice en faveur des femmes, relaie Assabah. «Celui qui dénigre cette réforme oublie qu’il a une mère, une épouse, une sœur ou une fille dont il est censé défendre les droits», a-t-il déclaré.

Le ministre a également dénoncé les souffrances endurées par les femmes divorcées qui sont privées de la garde de leurs enfants si elles se remarient, une situation qui ne s’applique pas aux hommes. «Comment est-il possible qu’une femme divorcée, à peine âgée de 21 ans, ne puisse pas se remarier sous peine de perdre la garde de ses enfants?», s’est-il indigné.

Enfin, Ouahbi a annoncé son intention de poursuivre les discussions avec les parties concernées afin d’établir un salaire pour la femme au foyer, dont le travail contribue à l’enrichissement de son époux et à l’amélioration de ses conditions financières. Il a même proposé que ce salaire soit équivalent à celui d’une directrice, mettant ainsi en exergue la valeur de la femme au foyer.

Par Hassan Benadad
Le 18/02/2025 à 21h03