Mexico déploie des troupes à la frontière américaine après la suspension des droits de douane

Des Marines américains déployant un fil le long de la frontière entre les États-Unis et le Mexique, à San Ysidro, en Californie, le 3 février 2025

Des Marines américains déployant un fil le long de la frontière entre les États-Unis et le Mexique, à San Ysidro, en Californie, le 3 février 2025. Public Domain

Le Mexique a commencé mardi à déployer 10.000 agents de la Garde nationale à la frontière avec les États-Unis, comme promis la veille en échange d’une suspension de la menace américaine d’imposer des droits de douane de 25% sur les produits mexicains, a annoncé sa présidente Claudia Sheinbaum.

Le 05/02/2025 à 08h08

«On a déjà commencé à envoyer (les militaires)», a déclaré la présidente mexicaine lors de sa conférence de presse matinale.

La cheffe de l’Etat a précisé que les forces de sécurité venaient d’Etats qui «n’ont pas autant de problèmes de sécurité». «Il s’agit d’un déploiement qui ne laisse pas le reste du pays sans sécurité», a-t-elle affirmé.

La presse mexicaine fait état depuis mardi matin de la mobilisation de militaires et de membres de la Garde nationale vers différentes villes à la frontière avec les États-Unis, de Tijuana et Matamoros.

L’AFP a par ailleurs observé environ 300 militaires à l’aéroport de Mérida, dans l’Etat du Yucatan (sud), réputé relativement tranquille.

«Il y aura des patrouilles tout au long de la frontière entre les Etats-Unis et le Mexique», qui seront «effectuées à pied et en véhicule, ainsi que sur différentes routes menant à la frontière», a déclaré de son côté José Luis Santos, coordinateur de la Garde nationale à Ciudad Juarez, devant des journalistes.

Les autorités des deux pays ont également lancé une opération conjointe dans la ville frontalière mexicaine de Ciudad Juarez pour localiser un éventuel tunnel utilisé par les migrants pour entrer aux États-Unis.

Elles ont découvert lors d’une perquisition mardi un égout pluvial qui ne débouchait pas sur le territoire américain, a déclaré le gouvernement de Chihuahua, l’Etat où se trouve Ciudad Juarez.

L’opération a eu lieu après la découverte, le 10 janvier, d’un tunnel souterrain clandestin allant de Ciudad Juarez à la ville texane d’El Paso.

Lundi, Claudia Sheinbaum et son homologue américain Donald Trump ont annoncé quasi-simultanément que les États-Unis avaient suspendu pour un mois l’application de droits de douane, qui devaient renchérir de 25% le prix des importations depuis le Mexique à compter de mardi.

En échange, le Mexique s’est engagé à dépêcher 10.000 soldats à la frontière avec les États-Unis «pour stopper le flot de fentanyl (un opioïde meurtrier, ndlr) et de migrants illégaux» aux États-Unis, a déclaré Donald Trump.

La relation entre les deux pays est vitale à plus d’un titre.

Les envois d’argent des Mexicains installés à l’étranger à leurs proches restés au pays ont atteint en 2024 un record de 64,7 milliards de dollars, a indiqué mardi la Banque centrale du Mexique.

À 97%, ces envois proviennent des États-Unis et ils représentent 3,4% du produit intérieur brut (PIB) du Mexique.

Au sujet des droits de douanes, la présidente de gauche a par ailleurs minimisé voire tourné en ridicule l’annonce faite par l’Equateur la veille de les porter à 27% pour les produits mexicains.

«Les crevettes du Sinaloa», dans le nord-ouest du Mexique, le long du Pacifique, «sont meilleures que celles de l’Equateur», a déclaré la dirigeante, en indiquant que ce pays compte pour à peine 0,4% des produits importés au Mexique.

L’Équateur reçoit lui 0,079% des exportations mexicaines.

Le Mexique a rompu ses relations diplomatiques avec l’Équateur du président libéral Daniel Noboa quand la police est entrée en avril dans l’ambassade mexicaine à Quito pour arrêter l’ex-vice-président équatorien Jorge Glas qui y avait trouvé refuge.

Par Le360 (avec AFP)
Le 05/02/2025 à 08h08