Quel impact sur l’économie canadienne? Selon les données de Statistics Canada, l’office national des statistiques, les exportations vers les États-Unis représentaient en 2023 77% des biens canadiens vendus à l’étranger, pour un total de 410 milliards de dollars. Sur les onze premiers mois de 2024, le déficit commercial américain avec le Canada s’élève à près de 55 milliards de dollars, selon le département américain du Commerce.
Il s’agit en premier lieu d’hydrocarbures (pétrole, sables bitumineux et gaz naturel) ainsi que des pièces et véhicules automobiles, les deux secteurs pesant 42% des exportations vers les États-Unis, suivis par les produits de consommation courante et l’agroalimentaire.
Selon Gregory Daco, chef économiste pour EY, la décision américaine pourrait entraîner une perte de PIB, par rapport au scénario initial, de 2,7% en 2025 et 4,3% en 2026, avec une inflation supérieure de 4,5 points de pourcentage par rapport aux premières estimations.
Et côté mexicain?
Le Mexique est encore plus dépendant à son voisin du nord: 84% de ses exportations ont rejoint les États-Unis en 2024, ce qui représente 518,7 milliards de dollars, selon les données de l’Institut national de la Statistique (INEGI). D’après le département américain du Commerce, le déficit américain vis-à-vis du Mexique s’élève à 157 milliards de dollars sur les onze premiers mois de l’année.
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L’industrie automobile est le principal secteur concerné, mais l’électronique et la machinerie sont également particulièrement touchées, les trois secteurs envoyant 50% de leur production vers les États-Unis. Ces derniers sont par ailleurs très dépendants de l’agriculture mexicaine, qui leur fournit 63% des légumes et 47% des fruits importés, selon le département de l’Agriculture. Plus de 80% des avocats viennent du Mexique.
L’économie mexicaine est la plus vulnérable aux droits de douane américains: selon Oxford Economics, les 25% imposés par Donald Trump pourraient entraîner une hausse de l’inflation, à 6% en rythme annuel (contre 4,2% sur un an en décembre), et un recul de 7% du peso. Suffisant pour plonger le pays en récession.
Comment se préparent les entreprises?
De part et d’autre, les entreprises ont pour l’instant fait le choix de l’attente. Il s’agissait pour elles de déterminer d’abord si leur secteur serait concerné ou non et si les droits qui leur seront appliqués montent bien à 25%, ou pas, mais aussi de déterminer quelles seront les conséquences.
Côté mexicain, les entreprises interrogées par l’AFP se sont refusées à tout commentaire et les représentants des industries restent discrets. Le gouvernement mexicain reste la voix du pays et la présidente Claudia Sheinbaum a assuré vendredi que son pays avait «un plan A, B, C» pour faire face aux droits de douane, sans pour autant donner de détails.
Samedi, son ministre de l’économie Marcelo Ebrard a assuré que «le secteur privé serre les rangs autour de la présidente et de sa défense de l’intérêt national face à l’arbitraire commercial que nous devrons affronter dans quelques heures».
Côte canadien, l’industrie pétrochimique a espéré un moment être épargnée, du fait de son importance pour une partie des États-Unis, alors que le pétrole canadien représente plus de 60% des importations américaines en la matière. Elle est finalement également concernée, même si c’est à un degré moindre (10% et non 25% comme pour les autres produits).
Les constructeurs automobiles estimaient eux, avant même la confirmation de ces nouvelles taxes, être «disproportionnellement punis». Un petit nombre d’entre eux a ouvertement envisagé la possibilité de délocaliser leur production aux États-Unis.
Là encore, le gouvernement canadien s’est montré plus loquace, assurant qu’il prévoyait des représailles et ajoutant qu’il était prêt à mettre en place le même type d’aides que celles existantes durant la pandémie pour les secteurs concernés.