Les soupçons sur la complicité de l’Iran dans la planification et l’exécution des attaques perpétrées par le Hamas contre Israël se précisent de jour en jour. De nouvelles révélations viennent s’ajouter à celles publiées au lendemain de ces opérations, soit dès le dimanche 8 octobre, par le Wall Street Journal. Citant des «membres importants» du Hamas et du Hezbollah libanais, le quotidien américain à grand tirage affirmait que l’Iran a aidé à planifier ces attaques et que ce sont les Gardiens de la révolution islamique, corps d’élite de l’armée iranienne, qui ont donné le feu vert aux combattants palestiniens, le lundi 2 octobre dernier à Beyrouth.
Conseiller adjoint à la sécurité nationale des États-Unis, Jonathan Finer confirme cette thèse. Dans un entretien accordé lundi à la chaîne TV américaine CBS News, ce responsable a affirmé que l’Iran s’est montré «largement complice» de l’attaque du Hamas contre Israël et détaillé les actions menées par Téhéran pour former les combattants du groupe palestinien et leur fournir des armes.
«Ce que je peux dire sans aucun doute, c’est que l’Iran est largement complice de ces attaques. L’Iran est le principal soutien du Hamas depuis des décennies. Ils leur ont fourni des armes. Ils leur ont dispensé une formation. Ils leur ont apporté un soutien financier. Et donc, en termes de large complicité, nous sommes très clairs sur le rôle de l’Iran». Ceci, même si les preuves d’une implication directe de Téhéran dans l’attaque restent à établir.
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Ambassadeur de l’État d’Israël à l’ONU, Gilad Erdan veut pour preuve de la complicité iranienne une vidéo dans laquelle des combattants du Hamas remerciement l’Iran pour son soutien. «Si vous aviez le moindre doute sur qui finance et soutient les crimes de guerre barbares du Hamas, voici une vidéo de maudits terroristes ne remerciant nul autre que l’Iran pour les armes, l’argent et les roquettes qui les ont aidés à massacrer des citoyens israéliens innocents», commente-t-il dans une publication sur X (anciennement Twitter).
Brigadier général réserviste, Jacob Nagel en est également convaincu. «C’est l’Iran qui est derrière ces attaques. C’est son plan et c’est avec son autorisation que l’assaut a été donné. Et l’Iran doit tôt ou tard en payer le prix», a-t-il déclaré à la chaîne israélienne d’information en continu I24News.
Citant des responsables occidentaux du renseignement, le quotidien le Washington Post va encore plus loin. Le Hamas, indique la publication, aurait commencé à planifier l’attaque il y a au moins un an, avec le soutien clé des alliés iraniens qui ont fourni une formation militaire et une aide logistique, ainsi que des dizaines de millions de dollars pour l’achat d’armes. «L’attaque reflète l’ambition de Téhéran depuis des années d’encercler Israël avec des légions de combattants paramilitaires armés de systèmes d’armes de plus en plus sophistiqués, capables de frapper profondément à l’intérieur de l’État juif», lit-on.
Le Hamas a certes historiquement maintenu un certain degré d’indépendance par rapport à Téhéran, contrairement au Hezbollah basé au Liban. Mais ces dernières années, l’organisation palestinienne «a bénéficié d’injections massives d’argent iranien, ainsi que d’une aide technique pour fabriquer des roquettes et des drones dotés de systèmes de guidage avancés, en plus d’une formation aux tactiques militaires -dont certaines ont eu lieu dans des camps à l’extérieur de Gaza», affirme le Washington Post.
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Le chef du Hamas, Ismaïl Haniyeh, avait d’ailleurs reconnu dans le passé que son groupe avait reçu 70 millions de dollars d’aide militaire de l’Iran. Selon un rapport du Département d’État de 2020, l’Iran fournit environ 100 millions de dollars par an aux groupes palestiniens, notamment le Hamas, le Jihad islamique palestinien et le Front populaire de libération de la Palestine - Commandement général.
Une chose est sûre, indique le quotidien, une attaque de l’ampleur de samedi aurait été extrêmement difficile sans une aide extérieure. «La quantité de formation, de logistique, de communication, de personnel et d’armes nécessaires… Cela suggère une implication iranienne, compte tenu de la complexité de l’attaque, et met en évidence l’échec colossal des services de renseignement israéliens», explique Marc Polymeropoulos, un ancien officier supérieur des opérations de la CIA, cité par The Washington Post. L’utilisation de parapentes, qui plus est, nécessitait sûrement un entraînement en dehors de Gaza, a-t-il expliqué.
Tout en se félicitant de leur «succès», l’Iran a nié tout rôle dans les attaques de samedi. «Nous ne sommes pas impliqués dans la réponse palestinienne, car elle est prise uniquement par la Palestine elle-même», a affirmé un porte-parole de la mission iranienne auprès des Nations unies dans un communiqué publié lundi. Faut-il le croire? Le doute est permis.