«J’ai décidé qu’on ne pourrait plus porter d’abaya à l’école», a déclaré dans la soirée du dimanche 27 août le ministre de l’Éducation nationale française Gabriel Attal, lors de son passage sur la chaîne de télévision TF1.
Le ministre, qui avait dès la prise de ses fonctions cet été souhaité la fermeté sur les questions de laïcité, avait jugé qu’aller à l’école en abaya était «un geste religieux, visant à tester la résistance de la République sur le sanctuaire laïque que doit constituer l’Ecole», promettant la fermeté à ce sujet. «Vous rentrez dans une salle de classe, vous ne devez pas être capable d’identifier la religion des élèves en les regardant», a-t-il expliqué dimanche sur TF1.
La question de ce vêtement traditionnel est sensible, le Conseil français du culte musulman (CFCM) estimant de son côté que l’abaya, une longue robe couvrant le corps féminin, n’est pas un signe religieux musulman. Son port est «plus ambivalent qu’un voile» selon Haoues Seniguer, spécialiste de l’islamisme.
En France, en vertu de la loi du 15 mars 2004, «dans les écoles, les collèges et les lycées publics, le port de signes ou tenues par lesquels les élèves manifestent ostensiblement une appartenance religieuse est interdit», une circulaire précisant ces signes, à savoir «le voile islamique (...), la kippa ou une croix de dimension manifestement excessive».
L’Éducation nationale s’était déjà emparée de l’abaya en novembre, dans une circulaire qui considérait ce vêtement -à l’instar des bandanas et des jupes longues, également cités- comme des tenues pouvant être interdites si elles sont «portées de manière à manifester ostensiblement une appartenance religieuse». Le prédécesseur de Gabriel Attal, Pap Ndiaye avait toutefois refusé de «publier des catalogues interminables pour préciser les longueurs de robes».
«La police du vêtement»
«La consigne n’était pas claire, désormais elle l’est et nous nous en félicitons», a réagi auprès de l’AFP Bruno Bobkiewicz, secrétaire général du Syndicat national du personnel de direction de l’Education Nationale. «Maintenant que le message est énoncé, il faut que cela se mette en œuvre dans les établissements (...) il ne faut pas que les chefs d’établissement soient seuls face aux abayas», a-t-il ajouté.
Du côté de l’opposition, la décision a été applaudie à droite, Eric Ciotti (LR) en tête sur X (anciennement Twitter) : «Nous avions réclamé à plusieurs reprises l’interdiction des abayas dans nos écoles. Je salue la décision du ministre de l’Éducation nationale qui nous donne raison».
À gauche en revanche, Clémentine Autain (LFI) s’est indignée de «la police du vêtement», jugeant l’annonce de Gabriel Attal «anticonstitutionnelle», «contraire aux principes fondateurs de la laïcité» et «symptomatique du rejet obsessionnel des musulmans».