Donald Trump, j’adore!

Karim Boukhari.

ChroniqueLe président américain est un vrai et bon personnage de cinéma. Il est fascinant. À sa manière, bien sûr. Et si vous en avez marre, vous pouvez toujours éteindre la télévision (ou quitter la salle de cinéma)!

Le 21/06/2025 à 09h00

Le seul moyen d’apprécier le président américain est de le considérer comme un personnage de cinéma. Pourquoi, me diriez-vous? Parce que le cinéma est capable de nous faire aimer le mal, de le rendre supportable, et parfois même fascinant. En plus de garder une certaine distance avec la réalité, ce qui peut vous servir de protection.

Rappelez-vous: lorsque le mal vous étouffe et que vous n’en pouvez plus, vous pouvez toujours vous pincer la peau en vous disant que rien de tout cela n’est réel. Pour retomber sur vos pieds, un seul geste suffit: éteindre la télévision (ou quitter la salle de cinéma)!

Tout cela pour vous dire que le meilleur moyen de «compenser» la triste actualité du moment, peut-être aussi de la regarder autrement, est de vous jeter («et sans maillot», comme dit le magnifique dicton populaire) dans The Apprentice, un film de cinéma avec Donald Trump en personnage principal. Comme un clin d’œil du destin, le film est réalisé par un cinéaste d’origine iranienne (l’excellent Ali Abbasi), ce qui ne manque ni de piquant, ni d’ironie.

Nous sommes dans l’Amérique des années 1970, celle qui a inspiré les meilleurs cinéastes du cinéma indépendant américain: de Scorsese à Coppola, en passant par John Cassavetes, William Friedkin et tant d’autres. Notre personnage central est un jeune loup aux dents aiguisées, qui raient déjà le parquet, mais dont la réalité n’est pas (encore) au niveau de ses ambitions personnelles. Il s’appelle Donald Trump et il est sur le point de rencontrer «l’homme de sa vie», qui va lui servir de maitre à penser: un avocat à la réputation sulfureuse, homosexuel non assumé, qui n’a jamais perdu une affaire.

«Parfois, le cinéma nous aide à comprendre le réel. Quitte à grossir les traits et adopter un ton pamphlétaire»

Entre les deux hommes, c’est le coup de foudre. Chacun comprend tout de suite ce que l’autre peut lui apporter. Le jeune Donald devient le disciple de ce maître aux méthodes douteuses, mais qui lui fait gagner tous les procès. Mais le modèle, qui avale les leçons d’apprentissage comme du petit lait, va bientôt dépasser son «inventeur»…

Nous sommes un peu devant le schéma de Frankenstein, c’est-à-dire de l’homme dépassé par la créature, le monstre, qu’il a mis au monde. Sauf que l’histoire est inspirée de faits et de personnages réels. Et cette histoire arrive au bon moment, alors que le «vrai» Donald Trump est en train de refaire la carte du Moyen-Orient, en envoyant le reste du monde dans les cordes…

Parfois, le cinéma nous aide à comprendre le réel. Quitte à grossir les traits et adopter un ton pamphlétaire. Ali Abbasi trace un sillon creusé, dans le temps, par un Charlie Chaplin avec son inoubliable Le Dictateur (1940), au moment où l’issue de la Seconde guerre mondiale semblait encore incertaine. Abbasi emprunte le même chemin. Il nous donne les clés pour comprendre. Et il le fait au moment où personne ne sait de quoi sera fait notre monde…

Dans le film, il y a un moment où le Donald Trump de cinéma, en plein apprentissage, reçoit la plus belle et la plus cynique des leçons, quand son avocat lui assène: «La réalité, ça se crée».

À découvrir en salle ou sur les plateformes de streaming. The Apprentice est un sacré morceau de cinéma qui fait écho à la réalité de notre monde. Et qui peut vous faire aimer ce personnage de cinéma qu’est l’oncle Donald. Promis!

Par Karim Boukhari
Le 21/06/2025 à 09h00