Dans un communiqué laconique diffusé ce samedi en début d’après-midi, la présidence algérienne annonce que «le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a nommé, samedi, Ennadir Larbaoui, Premier ministre, en remplacement de Aïmene Benabderrahmane, dont il a été mis fin aux fonctions», tel un vulgaire fonctionnaire. Dans la foulée, le communiqué ajoute que le nouveau Premier ministre a été, lui, provisoirement remplacé par l’homme fort de la présidence algérienne, homme de confiance et conseiller de Tebboune, Boualem Boualem.
«Le président de la République a également nommé Boualem Boualem, le conseiller auprès du président de la République, chargé des affaires juridiques, des affaires judiciaires, des relations avec les institutions, des enquêtes et des habilitations, au poste de Directeur de cabinet de la Présidence de la République par intérim», clôt le communiqué.
Ennadir Larbaoui devient ainsi le 3ème Premier ministre sous l’ère Tebboune, après Abdelaziz Djerad (janvier 2020-juin 2021) et Aïmene Abderrahamane (juin 2021-novembre 2023). Ennadir Larbaoui avait quitté son poste de représentant permanent de l’Algérie à l’ONU il y a tout juste une année, avant d’être nommé directeur de cabinet de Tebboune en mars 2023.
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D’ailleurs, le nouveau Premier ministre, ancien handballeur au sein de l’équipe nationale d’Algérie, arrive avec un grand handicap, à savoir qu’il a fait toute sa carrière au sein du corps de la diplomatie algérienne, où la compétence n’a jamais été un point fort.
Bien que le communiqué de la présidence algérienne ne le précise pas, on ne sait pas encore si Larbaoui a été chargé de former un nouveau gouvernement ou s’il s’agit d’un simple renvoi (technique) d’Aïmene Abderrahmane, pourtant connu comme un technocrate intègre (qualité rarissime dans la nomenclatura algérienne), et en lequel Tebboune aurait vu un présidentiable potentiel qui pourrait le concurrencer en 2024.
C’est d’ailleurs pour parer à cette concurrence que le président algérien a nommé, en octobre dernier, un «gouvernement parallèle» à El Mouradia, en attribuant à une dizaine de ses conseillers de larges pouvoirs, qui en ont fait des ministres fantômes.
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En effet, les conseillers de Tebboune ont été dotés des mêmes portefeuilles que ceux du gouvernement, comme pour Boualem Boualem, devenu super ministre de la Justice chargé «des affaires juridiques, des affaires judiciaires, des relations avec les institutions, des enquêtes et des habilitations», ou Mohamed Boukhari, érigé en ministre fantôme des Finances, en se voyant attribuer la charge «des finances, des banques, du budget, des réserves de change, des marchés publics et des règlements internationaux», ou encore Amine Mazouzi, conseiller de Tebboune «chargé de l’énergie, des mines et de l’environnement», sans parler de Kamel Rezig, qui s’occupe bien évidement «du commerce, de l’approvisionnement, du contrôle et de l’import-export» après avoir été chassé du gouvernement d’Aïmene Abderrahmane en mars dernier. Il est probable que tous ces «hommes du président» formeront l’ossature du prochain gouvernement Larbaoui.
Reste à savoir si, en nommant ce samedi son directeur de cabinet à la tête du gouvernement algérien, Tebboune a marqué, ou non, un point contre ses nombreux adversaires qui comptent lui barrer la route vers un second mandat à la Mouradia. Rien n’est moins sûr, car les réels faiseurs de présidents algériens sont tapis dans l’ombre et n’ont pas dit leur dernier mot.