La décision du gouvernement malien de rompre les amarres avec le régime algérien, en lui tirant le tapis sous les pieds à travers l’annulation pure et simple de l’Accord d’Alger, n’a été regrettée que par le seul régime algérien lui-même, qui a réagi à travers des menaces de raviver la guerre civile au Mali, alors que nombre d’observateurs ont trouvé parfaitement justifiée la fermeté du gouvernement malien à l’égard de son encombrant voisin du nord.
Le président du gouvernement provisoire de la Kabylie et du Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie (MAK), Ferhat Mehenni, s’est félicité, dans un tweet publié le samedi 27 janvier, que Bamako ait «enfin compris le jeu malsain des généraux algériens» qui ne voulaient que guerre et destructions pour le Mali, en vue d’en faire leur «arrière-cour» et «un État vassal, à l’image de la Tunisie actuelle».
Selon Ferhat Mehenni, le porte-parole du gouvernement de transition au Mali «vient de rendre public un communiqué dans lequel il dénonce les manœuvres et complots algériens pour déstabiliser son pays (...) et nous apprend aussi ce que nous savions déjà depuis près de 20 ans: l’AQMI est un appendice des services secrets algériens».
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La responsabilité des services de renseignement algériens dans l’instabilité que vit le Sahel à cause des manigances des généraux a fini par devenir manifeste. Tout le monde a remarqué, ces derniers temps, l’activisme du général Djebbar M’Henna qui, depuis sa nomination en septembre 2022 à la tête des renseignements extérieurs algériens, a tenu, de façon inexpliquée mais trop voyante, à être présent au sein des délégations algériennes dépêchées au Mali en particulier et dans les pays du Sahel en général.
Le patron de la Direction de la documentation et de la sécurité extérieure (DDSE) a en effet accompagné, en tant que numéro 2 de la délégation diplomatique algérienne, le ministre des Affaires étrangères Ahmed Attaf, en avril 2023, lors de sa première tournée effectuée dans les pays du Sahel, juste après sa nomination en mars de la même année, en remplacement de Ramtane Lamamra.
Plus récemment, la présence de Djebbar M’Henna, lors de la réception de l’opposant malien Mahmoud Dicko par le président algérien Abdelmadjid Tebboune, le 19 décembre dernier à la Mouradia, a ouvert les yeux aux Maliens. Ils ont finalement eu la certitude que ce sont bien les services de renseignements algériens qui manipulent aussi bien la rébellion touarègue du nord du Mali que les groupes terroristes affiliés à Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), une nébuleuse dont le père putatif n’est autre que l’ancien Groupe salafiste pour la prédication et le combat en Algérie, nommément cité par les autorités maliennes comme le bras terroriste des généraux algériens au Mali.
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De nombreuses preuves ont été également apportées par le passé quant à l’ingérence flagrante et malsaine de l’inamovible junte algérienne dans les affaires intérieures des pays du Sahel.
Il en est ainsi de l’implication avérée de la DDSE dans le versement de pots-de-vin à Mohamed Bazoum lorsqu’il était candidat à la présidentielle nigérienne de février 2021. Étant le candidat du pouvoir à l’époque et donc assuré de remporter l’élection, celui-ci s’est vu offrir des «aides alimentaires» transportées par des avions gros-porteurs de l’armée algérienne, en plus de sommes d’argent. C’est le général Mohamed Bouzit, alors patron de la DDSE, qui a piloté cette opération.
Le bakchich en question était en réalité destiné à acheter la présence du chef du Polisario, au milieu d’autres invités étrangers, à la cérémonie officielle d’investiture de Mohamed Bazoum. La révélation de cette affaire par les challengers de ce dernier, renversé depuis par un coup d’État militaire, a fait avorter ce plan, où l’Algérie a finalement tout perdu. En septembre 2021, Mohamed Bouzit va payer les frais de ce fiasco: il est limogé, accusé de corruption et enrichissement illicite, puis incarcéré immédiatement à la prison militaire de Blida, où il est toujours en détention.
Toujours concernant le Niger, le régime algérien a sorti un communiqué mensonger le 2 octobre dernier, dans lequel il prétend qu’il «a reçu par le canal du ministère nigérien des Affaires étrangères une acceptation de la médiation algérienne visant à promouvoir une solution politique à la crise» dans ce pays. Niamey a immédiatement réagi à travers un communiqué pour rejeter «catégoriquement» les «allégations» de la junte algérienne.
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Pour sauver la face suite à ce camouflet, le ministère algérien des Affaires étrangères, après une semaine de silence gêné, a sorti un autre communiqué le 9 octobre où il laisse entendre que «le gouvernement algérien a décidé de surseoir à l’engagement des discussions préparatoires envisagées jusqu’à l’obtention des clarifications qu’il estime nécessaires au sujet de la mise en œuvre de la médiation algérienne» entre les nouvelles autorités nigériennes et la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).
Il faut dire que le coup le plus dur asséné à l’Algérie par les autorités maliennes est celui de la prise par l’armée nationale de la ville de Kidal, en novembre dernier. Cette ville de l’extrême nord-est du Mali, très proche de la frontière avec l’Algérie, était non seulement la capitale des rebelles touaregs, mais aussi le poste avancé à partir duquel les services algériens, par le biais de leur consulat, le seul dans cette région, coordonnaient leurs plans de déstabilisation du Mali avec les mouvements de la rébellion et les mouvements terroristes.
La crise ouverte du régime algérien avec le Mali et le Niger, deux pays frontaliers de l’Algérie, montre, si besoin en est, qu’il existe un État voyou spécialisé dans la déstabilisation de ses voisins au Maghreb et au Sahel. Jusqu’à quand?