Dans les groupes de retraités algériens sur les réseaux sociaux transparaissent l’angoisse, l’impatience et l’incompréhension. Tous s’attendaient à une revalorisation de leur pension de retraite à partir du mois de mai, comme c’était le cas l’année précédente. On espérait ainsi en 2025 une augmentation de l’ordre de 10 à 15% afin de mettre un peu de beurre dans les épinards, alors que la hausse des prix fait rage en Algérie et que cette frange de la population peine à joindre les deux bouts.
Mais en ces premiers jours du mois de juin, aucun signe de réévaluation des retraites à l’horizon. Pire encore, c’est à un silence de plomb que se heurtent les retraités et les organisations qui les représentent. Où est donc passée la dignité des retraités, celle-là même que Tebboune prétendait vouloir leur rendre en améliorant leurs conditions de vie déplorables?
N’appelait-il pas à «préserver la protection sociale de cette catégorie qui a beaucoup donné au pays», dans un discours prononcé lors de la cérémonie de célébration de la Journée internationale des travailleurs à la Maison du peuple? C’était au mois de mai 2024, ou pour être plus précis, en pleine campagne présidentielle. D’ailleurs, la réforme annoncée ne s’était pas faite attendre, preuve que le candidat à sa propre succession se présentait comme l’homme de la situation, le seul en mesure d’annoncer une réforme et d’ordonner sa mise en exécution sur le champ.
Lire aussi : Augmentation de la prime touristique en Algérie: Tebboune s’enlise dans un mensonge de trop
Une fois «élu» en septembre 2024 (avec une abstention de plus de 80% du corps électoral), le président ne renouvelait-il pas dans son discours d’investiture ses engagements électoraux relatifs aux pensions de retraite en réaffirmant sa promesse d’augmenter les retraites, pour «garantir que les retraités vivent dans la dignité», à compter de 2025?
Circulez, il n’y a plus rien à voir
Mais désormais confortablement installé sur son trône présidentiel, le locataire de la Mouradia a changé son fusil d’épaule. Il semble frappé d’amnésie dès lors que le sujet des retraites revient sur le tapis. Ainsi, alors que les retraités algériens espéraient une augmentation de leur pension annoncée lors du discours présidentiel traditionnel du 1er mai, ils ont finalement fait face à un tout autre scénario.
Car dans son discours, Abdelmadjid Tebboune a entretenu un flou artistique total, affirmant «la même volonté de poursuivre la consolidation des acquis réalisés en faveur (…) des régimes indemnitaires et des allocations et pensions de retraite». Il a également promis que «ces acquis se verront renforcés, conformément aux engagements que nous avons pris, (…) partant de l’attachement de l’Etat à préserver la dignité des citoyens et à consacrer la protection des droits des citoyennes et des citoyens dans les textes juridiques liés (…) à la retraite».
Mais loin d’évoquer une quelconque augmentation des montants des pensions, le président réélu s’est contenté d’évoquer «l’abaissement de l’âge de la retraite pour les enseignants des trois cycles».
Le mensonge et l’enfumage pour politique d’Etat
Tebboune a opté pour une pratique dans laquelle il est passé maître: la fuite en avant. Il a ainsi renvoyé dos à dos l’Organisation nationale des retraités affiliée à la Caisse nationale de retraite et le ministère du Travail qui se voit endosser une responsabilité qu’il n’assumait pas l’année précédente.
Un scénario qui rappelle dans ses moindres détails celui de l’annonce faite en décembre 2024 par le même Tebboune de l’augmentation de la prime touristique des Algériens, avec la promesse de la faire passer de 100 à 750 dollars, là aussi dans le souci de «préserver la dignité des Algériens en leur attribuant une prime décente, suffisante pour couvrir les frais de voyage».
Lire aussi : Bilan de «règne»: les dix meilleures perles, et autres mensonges, de Tebboune
Prévue pour février 2025, ladite mesure a été renvoyée aux calendes grecques. Au mois de juin, toujours rien, si ce n’est des guichets ouverts ci et là dans des aéroports, tous vides et non opérationnels. Interpellé par des députés sur la question, le ministre des Finances, acculé et sans élément de réponse concret à fournir, a donc renvoyé la balle vers la Banque d’Algérie, qui elle aussi brille par son silence.
Un «no show» de plus à ajouter à la longue liste des fausses promesses, mensonges et autres inepties d’un Abdelmadjid Tebboune qui a perdu toute crédibilité. Pendant combien de temps cet homme, qui a affirmé devant l’Assemblée générale de l’ONU que l’Algérie allait dessaler 1,3 milliard de mètres cubes d’eau de mer par jour, fera-t-il encore taire par la terreur les Algériens? Une chose est sûre, en haussant les promesses vaines et les fanfaronneries au rang de seule constante dans la politique intérieure, Tebboune donne un spectacle hilarant de «l’Algérie nouvelle». Les pitreries de Tebboune ne font toutefois pas rire les Algériens.