Le Royaume, à travers l’Agence marocaine de développement de la logistique (AMDL), a engagé depuis 2011 une stratégie ambitieuse pour transformer son secteur logistique.
Cette initiative, visant à réduire les coûts logistiques du pays, repose notamment sur la création de zones logistiques destinées à renforcer la compétitivité économique du Royaume.
Dans un entretien accordé à Finances News Hebdo, Elhoussaine Chellaoui, auteur et conférencier international, offre son analyse de cette stratégie, de ses réussites et des obstacles à surmonter pour atteindre les objectifs fixés.
Pour lui, le bilan reste mitigé. Bien que des progrès aient été réalisés, notamment en matière de gouvernance, de formation et de digitalisation, plusieurs obstacles demeurent.
Chellaoui souligne que «d’autres objectifs n’ont pas été atteints à cause des contraintes budgétaires, des difficultés d’accès au foncier et de l’économie informelle dans le secteur du transport terrestre».
Le coût logistique a diminué de manière marginale, laissant entrevoir des améliorations timides.
L’enjeu, pour le Royaume, sera de renforcer la coordination institutionnelle et de perfectionner ses infrastructures pour insuffler un nouvel élan à cette stratégie, écrit-on.
Les zones logistiques sont au cœur de la stratégie de compétitivité économique du Maroc. Ces espaces, où se regroupent différents acteurs logistiques, jouent un rôle clé dans l’optimisation des flux de marchandises, la réduction des délais de livraison et la diminution des coûts d’exploitation.
Selon Chellaoui, «une zone logistique permet de regrouper les acteurs logistiques, les transporteurs, les prestataires de services, afin d’offrir des infrastructures et des services mutualisés», ce qui se traduit par une amélioration notable des chaînes d’approvisionnement.
Ces zones permettent aussi de renforcer la connectivité avec les entreprises, notamment celles situées dans les secteurs stratégiques, et de faciliter l’acheminement des matières premières et des produits finis.
Le consultant souligne que le Royaume bénéficie d’une position géographique avantageuse, au carrefour des routes maritimes entre l’Europe et l’Afrique, ce qui renforce la compétitivité des entreprises implantées dans ces zones.
Ces dernières profitent d’une connectivité multimodale, facilitant les échanges commerciaux internationaux et réduisant les coûts et le temps de transport. Les zones logistiques modernes, comme celles de Tanger ou Med Hub, ont ainsi permis une meilleure gestion des flux et une réduction des coûts d’exploitation.
Les zones logistiques jouent également un rôle stratégique dans l’attractivité du Maroc pour les investisseurs étrangers. Dans des secteurs comme l’automobile, l’agro-industrie et le e-commerce, le Royaume a su séduire des multinationales grâce à des infrastructures modernes, des incitations fiscales et une main-d’œuvre qualifiée.
«Des zones comme Tanger Automotive City attirent des multinationales comme Renault ou Yazaki, grâce à des infrastructures adaptées et des incitations fiscales», explique Chellaoui.
De plus, ces zones logistiques contribuent à faciliter les échanges entre les industries locales et les marchés internationaux, renforçant ainsi la compétitivité des secteurs clés de l’économie.
Le consultant ajoute que l’intégration des zones logistiques avec les zones industrielles accélère le processus de délocalisation des investissements étrangers et le transfert de compétences, faisant du Maroc un hub industriel majeur en Afrique.
«Les zones logistiques modernes dédiées à la distribution et à l’approvisionnement international, comme Med Hub, ont facilité la gestion des flux et amélioré la disposition rapide des produits sur les marchés nationaux et internationaux», a-t-il ajouté.
Malgré ces avancées, plusieurs défis demeurent pour accélérer le déploiement des zones logistiques régionales. La présence de l’économie informelle, les difficultés d’accès au foncier et la complexité des procédures administratives sont autant de freins qui ralentissent le développement de ces infrastructures.
«La simplification des procédures administratives et la facilitation de l’acquisition de terrains stratégiques sont nécessaires pour dynamiser les investissements dans les zones logistiques», souligne ainsi Chellaoui.
En parallèle, il a souligné l’importance de la création d’une plateforme informatique centralisée, similaire au guichet unique des opérations d’import-export, pour améliorer la coordination entre les différents acteurs et réduire les inefficacités.