Six ans après la signature de leur convention de coopération, les principaux régulateurs du secteur financier au Maroc, à savoir Bank Al-Maghrib, l’Autorité marocaine du marché des capitaux (AMMC), l’Autorité de contrôle des assurances et de la prévoyance sociale (ACAPS) et l’Instance nationale de la probité, de la prévention et de la lutte contre la corruption (INPPLC), confirment leur volonté de maintenir une action coordonnée en matière de lutte contre la corruption.
Réunis à Rabat le 11 juin 2025, les représentants de ces institutions ont dressé un bilan d’étape de leurs actions communes et esquissé une nouvelle feuille de route pour les deux années à venir, indique le quotidien L’Economiste dans son édition du vendredi 13 juin.
Depuis son lancement en 2018, cette convention interinstitutionnelle a permis de renforcer la convergence des dispositifs de prévention entre les différentes autorités. Cette synergie a contribué à consolider les mécanismes internes de contrôle, à développer des référentiels communs et à structurer des actions ciblées de formation et de sensibilisation. L’objectif demeure la consolidation d’un socle commun de pratiques alignées sur les standards internationaux en matière d’éthique et de conformité, lit-on.
Un effort important a été consenti dans le domaine de la formation. Sur la période 2024–2025, plus de 1.600 cadres et responsables issus des secteurs bancaire, assurantiel et des marchés de capitaux ont suivi des formations portant sur la transparence, la régulation, la gestion des conflits d’intérêts, la gouvernance déontologique ou encore les politiques de cadeaux. Ces formations visent à renforcer la culture d’intégrité au sein des institutions financières, en particulier auprès des jeunes recrues, considérées comme un maillon stratégique dans la chaîne de conformité.
Cité par L’Economiste, l’universitaire et ancien banquier Mostapha El Jai rappelle à ce propos que la formation et la sensibilisation sont des leviers décisifs dans toute stratégie durable de lutte contre la corruption, insistant sur le rôle déterminant des départements de conformité et des dispositifs d’alerte dans les établissements bancaires.
En parallèle, plusieurs initiatives de partage d’expériences ont été organisées, à l’image du séminaire sectoriel consacré à la gestion des risques de corruption, qui a réuni plus de 80 professionnels. Ces échanges ont permis d’identifier les pratiques les plus pertinentes en matière de détection précoce des vulnérabilités et d’amélioration des processus internes. D’autres partenariats ont également vu le jour, notamment avec la Fondation marocaine pour l’éducation financière. Cette collaboration vise à former des relais pédagogiques capables de diffuser les bonnes pratiques en matière de probité au sein du tissu éducatif et professionnel.
L’un des axes centraux de la nouvelle feuille de route porte sur l’élaboration d’une cartographie des risques de corruption, précise le quotidien. Ce travail d’analyse vise à mieux identifier les poches de vulnérabilité spécifiques à chaque secteur et à adapter les dispositifs de prévention en conséquence.
Dans le secteur des assurances, une évaluation a été menée avec l’appui d’experts des Nations unies. Les résultats préliminaires, présentés lors de la réunion du 11 juin, révèlent certaines fragilités structurelles jusque-là sous-estimées. Un exercice similaire a été lancé dans le secteur des marchés de capitaux, avec des conclusions attendues d’ici 2026. L’objectif, à terme, est d’intégrer les risques identifiés dans les dispositifs de gouvernance internes, sur le modèle déjà initié dans le secteur bancaire.