Un plan de 6,2 milliards pour sauver le cheptel national

l. Un plan d’urgence de 6,2 milliards de dirhams a été lancé afin de protéger les éleveurs, reconstituer les troupeaux et garantir la sécurité alimentaire en viande rouge. DR

Revue de presseFace à une sécheresse historique et à une crise sans précédent dans l’élevage, le Royaume du Maroc se mobilise pour sauver son cheptel national. Un plan d’urgence de 6,2 milliards de dirhams a été lancé afin de protéger les éleveurs, reconstituer les troupeaux et garantir la sécurité alimentaire en viande rouge. Cet article est une revue de presse tirée de Challenge.

Le 01/07/2025 à 19h16

Le secteur de l’élevage du Royaume du Maroc traverse une crise sans précédent, mise à rude épreuve par une combinaison dramatique de sécheresse prolongée, flambée des coûts des intrants et raréfaction des ressources naturelles.

Cette situation critique menace non seulement la survie économique de milliers d’éleveurs ruraux, mais aussi la sécurité alimentaire nationale, en matière de viande rouge.

Entre 2016 et 2024, la taille du cheptel marocain a diminué de près de 40%, avec une baisse particulièrement alarmante du nombre de femelles reproductrices, qui sont passées de 11 millions à 8,7 millions.

Cette érosion rapide est directement liée à la conjonction de plusieurs facteurs. A la sécheresse intense et durable qui frappe le pays, s’ajoutent la diminution drastique des ressources en eau et pâturages, ainsi que la hausse vertigineuse des prix des aliments pour bétail, détaille le magazine Challenge, dans une analyse dédiée.

Certaines régions sont davantage affectées, notamment l’Oriental, Marrakech-Safi, Drâa-Tafilalet, Souss-Massa, Guelmim-Oued Noun, Laâyoune-Sakia El Hamra et Dakhla-Oued Eddahab.

Dans ces zones, les conditions deviennent de plus en plus hostiles à l’élevage, poussant près de 30% des éleveurs à abandonner leur activité, faute de rentabilité.

La diminution drastique du cheptel entraîne une baisse significative de l’offre en viande rouge, dans un contexte où la demande, elle, reste forte.

En conséquence, les prix flambent, ce qui pèse lourdement sur le pouvoir d’achat des ménages, déjà fragilisés par l’inflation généralisée. Chaque année, près de 10 millions de têtes d’ovins et caprins sont consommées, avec un pic à l’occasion de l’Aïd Al-Adha, où 5,5 à 6 millions d’animaux sont généralement abattus, écrit-on.

Pour 2024, les estimations officielles indiquaient une disponibilité d’environ 3 millions de têtes pour cette fête religieuse, soit moitié moins que les années précédentes.

Face à ce déficit sévère, une mesure exceptionnelle a été prise sur instruction royale: la suspension du sacrifice de l’Aïd, afin de protéger le cheptel reproducteur et éviter un abattage massif aux conséquences irréversibles.

Pour faire face à cette crise, les autorités ont lancé un programme doté de 6,2 milliards de dirhams, déployé en deux phases sur 2025 et 2026, indique Challenge.

Ce plan, piloté localement et fondé sur des principes de transparence, vise la reconstitution rapide et durable du cheptel national, tout en assurant la protection sociale et économique des éleveurs.

Le plan de soutien s’articule autour de plusieurs axes principaux. Tout d’abord, un allégement de la dette des éleveurs sera mis en place avec un budget de 700 millions de dirhams.

L’État prévoit d’annuler la moitié des dettes inférieures à 100.000 dirhams, ce qui concerne 75% des bénéficiaires.

Pour les dettes comprises entre 100.000 et 200.000 dirhams, 25% seront effacées.

Quant aux dettes plus élevées, seules les pénalités de retard seront exonérées afin d’alléger la charge financière des éleveurs.

Ensuite, un soutien massif à l’alimentation animale sera assuré grâce à une subvention de 2,5 milliards de dirhams.

Cette mesure permettra de vendre l’orge à un prix subventionné de 1,5 dirham par kilogramme et les aliments composés à 2 dirhams par kilogramme, dans la limite de 7 millions de quintaux chacun.

L’objectif est de réduire le coût de l’engraissement et de relancer la production d’animaux destinés à la consommation, écrit-on encore.

Par ailleurs, la protection des femelles reproductrices constitue un volet essentiel du plan.

Un système de marquage sera mis en place pour identifier 8 millions de brebis et de chèvres d’ici mai 2026.

Chaque éleveur recevra une aide financière de 400 dirhams par femelle correctement identifiée et préservée, encourageant ainsi la conservation du cheptel reproducteur, qui est indispensable à la pérennité du secteur.

Le plan inclut également une campagne sanitaire préventive pour protéger le cheptel contre les maladies liées à la sécheresse.

Un budget de 150 millions de dirhams sera dédié au traitement de 17 millions de têtes, renforçant ainsi la résilience sanitaire des animaux.

Un effort d’encadrement technique et d’amélioration génétique sera déployé.

Avec une enveloppe de 50 millions de dirhams, les autorités prévoient la création de centres d’insémination artificielle, la diffusion de bonnes pratiques et le conseil personnalisé sur le terrain.

Cette démarche vise à améliorer la productivité des élevages et à moderniser la filière.

Par Nabil Ouzzane
Le 01/07/2025 à 19h16