Textile: comment l’amendement de l’ALE avec la Turquie va booster le marché local

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Revue de presseKiosque360. L’amendement de l’accord de libre-échange liant le Maroc à la Turquie va rééquilibrer les règles du jeu en faveur des industriels du textile locaux.

Le 25/10/2020 à 17h46

Une bouffée d’oxygène. C’est ainsi que les industriels du textile opérant sur le marché local ont accueilli l’amendement de l’accord de libre-échange liant le Maroc à la Turquie. Une épée de Damoclès qui pesait sur les textiliens jusqu’en janvier 2018 et depuis l’entrée en vigueur, en 2006, de l’accord de libre-échange signé en 2004. 

Les textiliens ont fait, en effet, les frais d’une concurrence déloyale des produits finis de l’habillement, du textile, de l’ameublement, des couvertures et des tapis turcs importés en exonération des droits de douane. 

Alors que le marché local a été inondé par le textile turc, cet amendement "permet de rééquilibrer le marché en faveur des industriels locaux et mettre fin à la concurrence déloyale qu’ils subissaient", se réjouit Fatima Zahra Alaoui, directrice générale de l’association marocaine des Industries du textile (Amith), dans les colonnes de l’hebdomadaire La Vie Eco.

Cet amendement intervient alors que les importations, selon les statistiques de l’Amith, ont, depuis 2010, enregistré annuellement une hausse de 150%. Elles sont ainsi passées de 141 à 940 millions de dirhams entre 2010 et 2016. Selon Fatima Zahra Alaoui, les importations dépassent aujourd’hui le milliard de dirhams.

 Toujours est-il que cette hausse s’est accompagnée d'une régulière perte d’emploi dans le secteur textile, considéré par La Vie Eco comme le grand perdant de cet accord. 19.000 emplois ont été perdus en 2014, 24.000 en 2015, 36.000 en 2016 et 44.000 en 2017.

Pensé pour mieux protéger l’industrie nationale, cet amendement signé en août 2020 rééquilibrera les règles du jeu en faveur des textiliens locaux. En soumettant à l’imposition douanière plusieurs produits finis de l’habillement, des tissus d’ameublement, des couvertures ainsi que des tapis, le nouvel accord privilégie les produits qui ont le plus pâti de la concurrence turque sur le marché local. Les intrants importés de Turquie ne sont pas concernés par l’amendement, tant ils sont utilisés par les industriels exportateurs. 

"Industriels marocains et turcs pourront, grâce à cet amendement, se battre à armes égales sur un marché local à fort potentiel. Il est actuellement estimé à 45 milliards de dirhams" indique pour sa part Fatima Zahra Alaoui. 

Cet amendement constitue donc une réelle bouffée d’oxygène pour les industriels et arrive à point nommé pour leur sauver la mise en cette période de crise sanitaire. La Vie Eco rappelle dans ce sens que la conjoncture actuelle nécessite un accompagnement des entreprises en difficulté. D’autant que les industriels turcs sont largement soutenus par leur pays.

Par Khalil Rachdi
Le 25/10/2020 à 17h46