Textile: des exportateurs turcs se plaignent de récents et inhabituels retards douaniers au Maroc

Dans une usine textile en Turquie.

Dans une usine textile en Turquie. . DR

Alors que le gouvernement marocain vient d’adopter un projet de loi amendant l’Accord de libre-échange Maroc-Turquie, les industriels turcs du textile affirment subir dernièrement des retards inhabituels dans les procédures de dédouanement au Maroc.

Le 13/10/2020 à 16h27

Les entreprises turques disent faire face à des retards, ces dernières semaines, dans l'exportation de vêtements vers des pays d'Afrique du Nord, dont au Maroc, qui a amendé, la semaine dernière, l’accord de libre-échange Maroc-Turquie, en actant une hausse pouvant aller jusqu’à 90% des droits de douane sur ces produits, indique l’agence de presse Reuters.

L’agence britannique, qui se base sur les témoignages anonymes de trois grands groupes industriels turcs, affirme que les exportateurs de prêt-à-porter se plaignent de demandes inhabituelles de paperasse, lesquels ont occasionné des retards atteignant jusqu'à cinq fois la norme de dédouanement au Maroc, mais aussi en Algérie.

Un responsable à la Chambre turque du commerce déclare que les nouveaux retards au Maroc et en Algérie ne sont pas liés aux tarifs, et impliquent souvent des demandes de documents qui n'étaient pas nécessaires dans le passé.

«Le dédouanement de nos marchandises prend 10 à 12 jours, au lieu de deux jours habituellement», déplore Giyasettin Eyyupkoca, patron d’une association professionnelle turque, quant à lui cité par Reuters. Ce représentant patronal ajoute que les inquiétudes concernant une «position plus dure» de la part des pays d'Afrique du Nord sur les produits turcs se sont intensifiées.

Les industriels turcs estiment avoir été les victimes d’une sorte de tentative des pays d’Afrique du Nord d’exclure la Turquie du processus de recomposition en cours des chaînes d'approvisionnement mondiales due à la pandémie de coronavirus.

Reuters rappelle en effet que ces plaintes interviennent dans un contexte ou les fabricants de produits textiles et de vêtements en Afrique du Nord, au Moyen-Orient et en Europe de l'Est, se positionnent désormais pour profiter de cette recomposition.

Les grandes marques européennes de prêt-à-porter sont en effet à la recherche de plateformes de production alternatives, comme la Turquie et le Maroc, plus proches géographiquement du Vieux Continent que la Chine.

«Au cours des deux derniers mois, les marques turques et les produits fabriqués en Turquie ont été confrontés à des obstacles dans les douanes nord-africaines ... et les dernières taxes au Maroc font partie de cette stratégie», estime Hadi Karasu, président de l’association turque des fabricants de vêtements, lui aussi cité par Reuters.

Par Khalil Ibrahimi
Le 13/10/2020 à 16h27