Au premier trimestre 2025, les exportations du secteur automobile marocain ont enregistré une baisse de 7,8%, s’établissant à 37,3 milliards de dirhams, contre 40,5 milliards de dirhams à la même période en 2024, selon les données de l’Office des changes. Cette diminution représente un manque à gagner de 3,1 milliards de dirhams, relève le quotidien Les Inspirations Eco.
Le recul est principalement attribué à une chute de 23,7% des exportations de véhicules assemblés localement (13,7 milliards de dirhams) et de 14% du segment des composants exportés à l’extérieur, qui s’établit à 877 millions de dirhams. Dès les mois de janvier (-10,9%) et février (-8,2%), les signes d’un ralentissement étaient déjà perceptibles. Fin mars, la majorité des maillons de la chaîne de production apparaissent affectés.
Un seul segment reste en croissance: celui du câblage automobile, dont les exportations ont augmenté de 2,4% pour atteindre 14,4 milliards de dirhams.
Il s’agit de la première baisse trimestrielle significative du secteur depuis 2020, année marquée par la crise sanitaire, où les exportations avaient chuté de 25,3%. Depuis, la filière connaissait une progression continue: +38% au T1 2021, +6,9% en 2022, +44,8% en 2023 et +13,1% en 2024.
Les chiffres du mois d’avril 2025 confirment la tendance baissière. Les exportations du secteur ont reculé de 7% par rapport à avril 2024, atteignant 49 milliards de dirhams. Les véhicules «made in Morocco» sont particulièrement touchés, avec un repli de 22% à 17,8 milliards de dirhams.
Pour Les Inspirations Eco, ce ralentissement est partiellement lié à la baisse de production des constructeurs implantés au Maroc. Renault Maroc signale une baisse de 3,6% de la production de ses usines à Tanger et Casablanca entre janvier et avril 2025. De son côté, Stellantis est affecté par une chute de ses ventes en Europe, notamment après des rappels de véhicules équipés d’airbags défectueux.
Par ailleurs, la demande européenne en véhicules thermiques, qui constitue une grande partie des exportations marocaines, continue de diminuer. Selon l’Association des constructeurs européens d’automobiles (ACEA), leur part de marché est passée de 48,3% en mars 2024 à 38,2% au T1 2025, contre 51,8% en 2023 et 54,1% en 2022. En parallèle, les véhicules électriques atteignent 15,2% de part de marché, et les hybrides 35,5%.
Cité par le quotidien, Adil Zaidi, président de la Fédération marocaine de l’automobile, relativise ce repli: «Trois mois, c’est trop tôt pour tirer des conclusions. Il s’agit selon moi d’une baisse conjoncturelle. Il faudra attendre les résultats du troisième trimestre pour une évaluation plus précise».
Face à cette transition du marché européen vers des motorisations plus vertes, le Maroc mise sur la structuration d’un écosystème autour de la voiture électrique. Des projets de gigafactories, comme celle de Gotion High-Tech à Kénitra, visent à produire localement des batteries, composant représentant 35% du coût d’un véhicule électrique, et à soutenir l’exportation de véhicules électriques.
Renault Maroc, de son côté, rappelle que la performance industrielle s’analyse sur le long terme, en fonction de la demande commerciale, du calendrier industriel et logistique. Le constructeur prévoit un rééquilibrage au second trimestre 2025 et un retour aux niveaux de 2024 en fin d’année. Il souligne également que la demande nationale en forte croissance a conduit à réallouer une part de la production au marché local.