Alors que les équilibres géopolitiques mondiaux se recomposent, la Chine affirme sa présence dans le Royaume, en investissant massivement dans des secteurs névralgiques: industrie, infrastructures, technologie, etc.
Ce rapprochement, explique l’économiste Driss Aïssaoui dans un entretien avec le magazine Challenge, n’est en rien anodin.
Il marque, en effet, une étape stratégique dans la transformation industrielle du Royaume.
L’intérêt croissant de Pékin pour le Royaume s’inscrit dans une dynamique globale.
L’économiste rappelle que la Chine adopte depuis plusieurs années une approche singulière sur les plans économique et social, tant à l’échelle locale, qu’internationale.
Le Royaume, de son côté, bénéficie d’une position géopolitique stable et d’atouts sectoriels considérables: «il suffit de regarder le dynamisme de secteurs comme l’automobile, l’aéronautique, la pharmacie ou encore les infrastructures. Le Maroc a su adapter ses structures économiques et industrielles aux exigences de la mondialisation, ce qui attire naturellement les investisseurs chinois», a-t-il expliqué.
Les entreprises chinoises se déploient sur tout le territoire, de Casablanca à Tanger, en passant par Rabat ou Agadir.
«Leur présence dépasse aujourd’hui le seul champ économique. Elle s’étend aussi au domaine académique et culturel, avec une ouverture croissante de la jeunesse marocaine vers la Chine», a souligné Aïssaoui.
Des projets structurants illustrent cette dynamique, à l’image de l’usine de batteries pour véhicules électriques, ou du soutien aux grands chantiers d’infrastructure.
«Ces investissements ne sont pas de simples implantations. Ils changent la donne industrielle du Maroc», a-t-il insisté.
Face à la relocalisation progressive des chaînes de valeur, le Royaume pourrait-il devenir une base industrielle pour les marchés européens et américains?
Driss Aïssaoui a réfuté toute logique de ‘dumping social’: «le modèle marocain ne repose pas sur une main-d’œuvre à bas coût. Il s’agit d’une industrie à forte valeur ajoutée, soutenue par un cadre stable et des conditions d’investissement claires».
Cette crédibilité est renforcée par la coopération sino-marocaine en Afrique, terrain d’expérimentation d’un partenariat gagnant-gagnant.
Interrogé par Challenge sur le risque de dépendance à l’égard de la Chine, Driss Aïssaoui s’est voulu rassurant: «il ne s’agit pas d’une dépendance subie, mais d’un partenariat stratégique que beaucoup d’acteurs économiques considèrent comme souhaitable. La Chine investit dans la durée, construit, équipe, développe», a-t-on écrit.
Au-delà des infrastructures, ce sont aussi des transferts technologiques qui s’opèrent.
«Ce ne sont pas de simples unités d’assemblage. Les investissements sont pensés en amont, avec une vraie vision», a-t-il insisté.
Le secteur ferroviaire en est un exemple emblématique, avec la montée en compétence des ingénieurs marocains.
Le partenariat sino-marocain s’inscrit dans la nouvelle stratégie chinoise de la route de la soie.
Selon Driss Aïssaoui, «ces investissements industriels marqueront l’histoire de l’industrialisation du Maroc. Ils participent à un grand projet de développement à long terme».
Le Royaume, sans renier ses alliances historiques avec l’Europe ou encore les États-Unis, s’impose donc désormais comme un partenaire stratégique incontournable pour la Chine. Un tournant structurant, pour l’avenir industriel du Royaume.