PLF 2025: en panne d’idées, Aziz Akhannouch demande à ses ministres de se serrer la ceinture

Aziz Akhannouch et l'équipe gouvernementale lors du Conseil de gouvernement du 21 septembre 2023.

N’apportant rien de nouveau par rapport aux précédentes éditions, la note de cadrage du Budget 2025 a le mérite de révéler au grand jour le manque de créativité du gouvernement et son incapacité à trouver des solutions à la problématique de la croissance et au défi du chômage de masse.

Le 08/08/2024 à 12h32

Reprenant mot pour mot les priorités fixées lors de l’édition 2024, la lettre de cadrage du projet de loi de finances (PLF) 2025 confirme le penchant conservateur du gouvernement dans ses choix de politique économique. Celle-ci table ainsi sur une croissance de 4,6% en 2025, un objectif très optimiste et peu réaliste si on le compare aux prévisions des autres institutions nationales et internationales.

Le Budget 2025 ne déroge pas à la sacro-sainte règle des équilibres budgétaires. Le gouvernement espère même réduire le déficit à 3,5% du PIB en 2025 (contre 4% en 2024), tout en abaissant le niveau d’endettement à un niveau inférieur à 70% du PIB à l’horizon 2026. Mais pour réaliser cet «exploit», l’exécutif n’a trouvé aucune alternative à sa stratégie visant à réduire la voilure, malgré des recettes fiscales record, obtenues grâce à la loi-cadre décidée lors des Assises de Skhirat en 2019. Dans sa lettre, Aziz Akhannouch incite encore une fois ses ministres à se serrer la ceinture et à réduire au maximum les dépenses liées à la consommation de l’électricité, aux frais du transport, aux réceptions, congrès, conférences et études, à l’achat de voitures et à la construction de sièges administratifs.

Quid de l’emploi? Comment le gouvernement entend-il inverser la courbe du chômage qui, faut-il le rappeler, a atteint ces derniers mois des sommets historiques (13,1% au premier semestre 2024)? Dans sa lettre de cadrage, Akhannouch promet une «feuille de route qui place l’emploi au cœur de ses priorités». Celle-ci «repose sur une analyse exhaustive des données du marché du travail et de tous les éléments qui y sont directement liés, dont les mécanismes de l’offre et de la demande, la médiation dans l’emploi, ainsi que les législations et procédures relatives au marché du travail».

En revanche, le document ne fournit aucun détail sur la nature des mesures censées figurer dans le PLF 2025 et destinées à booster l’emploi à court terme. Comme pour noyer le poisson, le document se contente d’évoquer «des plans d’action pour les cinq à dix prochaines années», alors que le mandat du gouvernement prendra fin au plus tard en 2026.

L’investissement public comme moteur de croissance

Le gouvernement a également du mal à justifier son retard pour atteindre l’objectif visant à inverser la répartition actuelle entre l’investissement public et l’investissement privé, afin de porter ce dernier aux deux tiers de l’investissement total. Dans le même sens, la lettre de cadrage «oublie» de mentionner l’objectif de 500.000 emplois à créer au cours de la période 2022-2026, associé au Pacte national pour l’investissement, conformément aux orientations données par le Roi dans son discours devant le Parlement en octobre 2022.

À défaut de pouvoir relancer la machine de l’investissement privé, le gouvernement n’a d’autre choix que de compter sur les moteurs classiques de la croissance au Maroc, tirée essentiellement par la demande intérieure et l’investissement public. La lettre de cadrage ne s’en cache pas et table essentiellement sur les opportunités d’emplois qui naîtront des mégaprojets bientôt lancés dans les secteurs ferroviaire, aéronautique, énergétique, hydraulique, touristique, agricole et de transport urbain, dans le cadre des préparatifs de la Coupe du Monde 2030.

Par Wadie El Mouden
Le 08/08/2024 à 12h32

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"se serrer la ceinture" n'est pas une mauvaise idée. Bien au contraire. Avoir une gestion optimale des dépenses publiques est une nécessité. Baisser la dette est aussi important pour ne pas avoir des dépendances vis-à-vis de l'étranger. La politique de l'emploi n'est pas une chose simple surtout dans un pays ou l'informel est prépondérant et la formation universitaire n'est pas en adéquation avec le marché du travail.

Vous dites du gouvernement Don Akhannouch qu’il est «en manque de créativité»? Mais pourquoi changerait-il de façon de faire, si la coalition qui le compose est dirigée par un marchand qui n’a pas de difficulté à revendre ses produits et fixer leurs prix sur le marché? Pourquoi est-ce qu’on devrait s’attendre à ce qu’un gouvernement de ce genre, sans opposition digne de ce nom, se donne la peine de faire mieux; même quand le pays traverse une des pires crises depuis plusieurs années: La sécheresse, le chômage, l’inflation et par dessus tout la dilapidation des fonds publics, ou encore la mauvaise gestion qui coûtent très cher au trésor et empêche le développement du pays. Entre-temps, Don Akhannouch et ses ministres restent cloués à leurs chaises dans leurs bureaux climatisés!

Peut être accorder plus d'idées locales avec 1 agenda élaboré local, il y a plein d 'idées au Maroc. Penser local et faire confiance

Un message a avri , vos idées a la française faut les garder pour vous , on vois ce que ça donne et le résultat d'une vie déprimante et sans aucune âme, le charme du Maroc c'est justement ne plus faire comme la France le copie coller c'est fini, je propose qu'on deuxième langue que ça soit l'anglais

Il est en panne d'idées ? Voici quelques idées : - Interdire la publicité pour le soda a la télévision. - Taxer davantage les sodas et créer un programme national de soins dentaires pour les enfants mineurs. - Faciliter la greffe d'organe en cochant une simple croix sur sa CIN. - Imposer la parité homme/femmes dans les fédérations sportives. Certaines fédérations ne comptent pas une seule femme dans des postes de direction. - Passer la vitesse maximum en ville de 60km/h à 50km/h - Exiger que les entreprises dont le chiffre d'afaires dépasse 1 milliards de dirhams comptent au moins 2 représentant des salariés au sein de leur conseil d'administration. C'est pas les idées qui manquent pour améliorer le Maroc. Toutes ces idées ne demandent pas forcément de l'argent.

La courbe du chômage ne veut rien dire dans un pays au sein duquel 80% des emplois sont informels.

Je vois beaucoup de critiques concernant Akhannouch ces derniers temps mais il a permis au Maroc d'avoir des avancées sociales énormes plus que tous les anciens gouvernement du Maroc 🇲🇦. Il a boosté le budget de l'éducation , boosté le budget de la santé, aide de 10 000 euros pour acheter un logement, généralisation de l'assurance maladie pour tous, aide sociale directe aux plus pauvres, revenu pour les personnes âgées sans retraite, charte de l'investissement qui donne déjà des résultats avec les gigafactory de batteries électriques , organisation de la coupe du monde 2030, hausse de 20 % du smic , hausse des salaires des fonctionnaires, baisse d'impôts pour la classe moyenne.... Sérieusement qui a fait autant en 2 ans et demi ? Personne ! L'avenir sera radieux inchallah

Si Mohamed, tout ce que vous dites est vrai. Sauf que ce sont toutes des avancées qui n’auraient jamais été réalisées sans la clairvoyance, la volonté et l’insistance de Sa Majesté! Au Maroc, le maximum auquel on peut s’attendre d’un gouvernement, c’est de s’assurer que les projets - surtout les grands chantiers structurants comme ceux que vous avez cités, soient bien gérés et menés à terme dans des délais raisonnables. Ni plus, ni moins! Un peu semblable à ce que les anglo-saxons appellent: A caretaker government. D’ailleurs, vu la situation catastrophique des partis politiques chez nous, on n’a eu depuis l’indépendance que des gouvernements de ce genre-là! Que des gouvernements d’alternances ou de coalitions; parce qu’il n’y a pas eu un seul parti qui ait été capable de gouverner seul!!!

Une politique de grands travaux reste un marqueur d'une idéologie socialiste ou de gauche. Car une tendance conservateur serait plutot marqué par la dérèglementation, le décloisonement de l'économie locale et le secteur privé national.

La Bkam vient de sortir un rapport mettan en position relative les zones franches qui ne sont pas assez connectées au tissus industriel et économique de l 'hinterland et n'on pas permis de traverser sereinement la crise secheresse en cours

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