Marché du travail: le chômage fléchit à 13,1 %

Le taux d’activité des femmes continuent de peser sur la dynamique du marché du travail.

Le taux d’activité des femmes continue de peser sur la dynamique du marché du travail.

L’économie nationale a créé 167.000 postes entre les troisièmes trimestres de 2024 et 2025, selon le Haut-Commissariat au Plan. Si le chômage recule légèrement, la précarité de l’emploi et la stagnation du taux d’activité des femmes continuent de peser sur la dynamique du marché du travail.

Le 04/11/2025 à 14h48

Le dernier rapport du Haut-Commissariat au Plan (HCP) sur la situation du marché du travail dresse un bilan contrasté. Entre le troisième trimestre de 2024 et celui de 2025, l’économie nationale a généré 167.000 emplois nets, dont 164.000 en milieu urbain. Cette progression repose quasi exclusivement sur la hausse de l’emploi rémunéré (+220.000 postes), tandis que l’emploi non rémunéré a diminué de 54.000.

Le HCP souligne que «la création d’emplois provient essentiellement du secteur des services (+94.000 postes), des BTP (+90.000) et de l’industrie (+29.000)». À l’inverse, l’agriculture, la forêt et la pêche ont perdu 47.000 emplois, conséquence directe d’une campagne céréalière difficile et de conditions climatiques défavorables. La cinquième sécheresse en six ans a lourdement pesé sur l’emploi rural, confirmant la vulnérabilité du marché du travail aux aléas climatiques.

Selon le HCP, le nombre de chômeurs a reculé de 55.000 personnes, pour s’établir à 1,63 million. Le taux de chômage national est passé de 13,6 % à 13,1 %, soit une amélioration de 0,5 point. Cette baisse est plus marquée en milieu urbain (-0,7 point, à 16,3 %) qu’en milieu rural (-0,5 point, à 6,9 %).

Mais derrière ce recul se cachent de fortes disparités. Le chômage des femmes progresse à 21,6 %, contre 10,6 % pour les hommes. Les jeunes de 15 à 24 ans restent les plus touchés, avec un taux de 38,4 %, malgré une légère amélioration d’un point sur un an. Le HCP précise que «le chômage des diplômés demeure élevé, à 19 %, en raison d’un décalage persistant entre formation et besoins du marché».

Cette fracture structurelle renvoie à la difficulté du pays à absorber sa main-d’œuvre qualifiée, malgré les efforts du gouvernement pour stimuler l’emploi par la formation professionnelle et la réforme de la protection sociale. Les programmes publics lancés ces dernières années — Awrach, Forsa ou la généralisation de la couverture médicale — n’ont pas encore produit les effets attendus sur l’emploi durable.

Une hausse préoccupante du sous-emploi

Le revers de cette baisse du chômage est la montée du sous-emploi, qui touche désormais 1,2 million de personnes, soit 11,1 % de la population active occupée, contre 10 % un an plus tôt. Le HCP note que ce phénomène «progresse aussi bien en milieu urbain (9,5 %) qu’en milieu rural (13,8 %)».

Les hausses les plus marquées concernent les jeunes, les ruraux et les hommes actifs, particulièrement dans le secteur des BTP, où le sous-emploi atteint 22,2 %. Pour le HCP, cette situation traduit «l’élargissement d’un emploi précaire, faiblement rémunéré et saisonnier, qui ne permet pas de sortir durablement de la pauvreté».

Au-delà des effets conjoncturels, ces données illustrent la lente mutation du marché du travail marocain, encore dominé par l’informel et les activités à faible valeur ajoutée. Le taux d’activité national recule légèrement à 43,3 %, un niveau inférieur à la moyenne observée avant la pandémie, reflet d’un ralentissement durable de la participation féminine au marché du travail (19,1 %).

Le HCP relève enfin de fortes inégalités régionales: cinq régions concentrent plus de 72 % des actifs, avec Casablanca-Settat en tête (22,9 %), suivie de Rabat-Salé-Kénitra, Marrakech-Safi, Fès-Meknès et Tanger-Tétouan-Al Hoceïma. Le taux de chômage atteint 21,4 % dans les régions du Sud et 21,2 % dans l’Oriental, contre moins de 9 % dans le Nord.

Ce déséquilibre territorial confirme les difficultés d’intégration des régions les plus fragiles, malgré les grands chantiers d’infrastructure et les politiques de régionalisation avancée. Pour de nombreux économistes, ces écarts appellent une requalification des politiques publiques vers des secteurs à plus forte intensité d’emploi et une meilleure adéquation entre formation et besoins locaux.

Par Mouhamet Ndiongue
Le 04/11/2025 à 14h48